Lors de l’examen du projet de loi créant l’OFNAC à l’Assemblée nationale, Me Ousmane Diagne a justifié la méthodique appliquée dans les enquêtes sur les violences survenues entre 2021 et 2024, mettant en garde contre tout traitement précipité qui pourrait conduire à l’impunité.
« On ne peut pas se permettre de traiter des faits d’une telle gravité dans la précipitation ». Par cette mise en garde solennelle, le ministre de la Justice, Me Ousmane Diagne, a réaffirmé devant les députés la nécessité d’une approche prudente et juridiquement irréprochable pour les crimes commis durant la période 2021-2024. Il s’exprimait lors de la séance consacrée au projet de loi n°12/2025 portant création de l’Office national de lutte contre la corruption (OFNAC).
Le garde des Sceaux a alerté sur les risques encourus si la procédure était menée trop rapidement : commettre des « erreurs constitutives de vice de forme » qui pourraient, in fine, « conduire à une relaxe » des suspects. « Mes services n’étaient pas disposés à l’encourir », a-t-il insisté, soulignant que la priorité avait été donnée à la sécurisation des procédures, notamment pour les crimes contre l’humanité, afin d’éviter toute annulation des poursuites. « Les choses n’étaient pas aussi simples et il fallait faire très attention pour ne pas violer la loi », a-t-il expliqué.
Un lourd bilan humain
L’enjeu est de taille, alors qu’un recensement mené par le collectif CartograFreeSenegal et Amnesty International dresse un bilan humain précis et accablant de ces années : 65 personnes ont été tuées, dont 51 par balles, soit 81% des décès. La jeunesse des victimes est frappante, avec un âge moyen de 26 ans. La plus jeune avait 14 ans, la plus âgée 53 ans. Près de la moitié d’entre elles étaient ouvriers ou mécaniciens, et un quart étaient des élèves ou étudiants.
Face à cette tragédie, le ministre a assuré que toutes les infractions graves – « crimes contre l’humanité, meurtre, torture et assassinat » – étaient prises en compte. L’objectif affiché de la Justice est de conjuguer rigueur juridique et efficacité, pour garantir que les auteurs de ces crimes soient poursuivis dans le strict respect de la loi et des droits fondamentaux, évitant ainsi que des technicalités procedurales ne viennent entraver le cours de la justice.