Dans la première chronique consacrée à Ndèye Diouf Fallou, nous avions mis uniquement l’accent sur la beauté de sa voix pleine de grâce qui l’a porté au summum de son art. Aujourd’hui, nous allons jeter un regard curieux dans les arcanes de la vie parfois sereine, parfois tumultueuse. À l’âge de 17 ans, elle a eu le malheur de perdre sa mère, de qui elle a hérité une fratrie composée de mineurs dont la cadette n’avait que deux mois. Ayant alors compris que son destin était ainsi fait, elle prit son courage à deux mains et fit face courageusement à ce destin. Elle l’affronta avec un courage de granit et pas une fois, elle ne s’est avouée vaincue.
Elle se résolut à faire le travail de femme de ménage à Kaolack, en Gambie et un peu partout à Dakar car détestant tendre la main pour survivre. La mendicité, la prostitution et autres actes qui avilissent la femme, n’ont pas droit de cité chez elle. Elle se comporta partout comme une véritable Coumba Linguère, voire une égérie avec une exemplarité comportementale digne d’éloges. En vérité, toutes les femmes de ménage ne mènent pas une vie heureuse en raison des traitements esclavagistes que leur infligent certains employeurs. Elle n’a jamais désespéré de la vie car Dieu l’a dotée d’une voix mélodieuse, cette voix douce et violente comme la vie, capable de se muer en plusieurs variations.
Courageuse et vertueuse à la fois, la chance la mise sur le chemin de l’ancienne ministre Hadja Mata Sy Diallo qui avait décelé ses talents dans la chanson et elle l’aida à s’engouffrer dans cette voie qu’elle ne quittera plus jamais grâce aussi au souffle salvateur de son guide religieux Serigne Fallou Mbacké RTA.
Aujourd’hui, elle nage dans le succès qui se déploie sous les yeux comme étendard au vent. Ce qu’elle gagne dans son art, elle le partage avec sa famille, ses amis et tous ceux que le hasard place sur son chemin. Généreuse et prompte à faire le bien sans s’en glorifier, Ndèye Diouf Fallou vivra de sa voix, douce, belle, immuable et inaltérable, dans ce pays de la Téranga, carrefour de rencontres et d’échanges, terre de germination des plus belles fraternités.
Majib Sène