En déplacement officiel au Burkina Faso, le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a tenu un discours fort et rassembleur à l’attention de la communauté sénégalaise et des autorités burkinabè. Un discours qui, au-delà de la courtoisie diplomatique, exprime une vision claire et cohérente avec l’orientation définie par le Président de la République, Bassirou Diomaye Faye : celle d’un Sénégal enraciné dans ses valeurs panafricaines, fidèle à ses alliances historiques, mais pleinement souverain dans sa politique étrangère.
Dans une période marquée par des recompositions régionales – le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO et la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) –, le Premier ministre a tenu à rappeler que les relations entre le Sénégal et ces pays ne datent pas d’hier et ne peuvent se résumer à des positionnements institutionnels.
Les territoires que nous connaissons aujourd’hui sous les noms de Sénégal, Mali, Burkina Faso et Niger sont issus d’une même histoire impériale et culturelle. Ils ont été unis, bien avant les colonisations et les frontières modernes, au sein des grands empires ouest-africains : Ghana, Mali, Songhaï. Ces empires ont permis la circulation des biens, des idées, des croyances et des peuples. Ces flux ont tissé un socle commun que ni le temps ni la politique ne peuvent effacer.
Ce sont des liens de sang, de foi, de commerce et de migration qui unissent nos peuples. Ils ont traversé les époques, des caravanes du passé aux chemins familiaux et confrériques d’aujourd’hui.
Le Premier ministre a également rappelé un fait concret : le Mali est le premier client du port autonome de Dakar. Les corridors logistiques reliant notre pays au Sahel – par la route, le rail ou demain l’énergie – sont essentiels à notre économie. Relancer le chemin de fer Dakar-Bamako, fluidifier les transports, sécuriser les flux, moderniser les plateformes de commerce : c’est cela, la diplomatie du concret.
C’est aussi une question de souveraineté. Car un port, une autoroute ou une ligne ferroviaire ne sont stratégiques que s’ils s’ouvrent sur des débouchés économiques réels. Et ces débouchés passent, en grande partie, par nos voisins sahéliens.
Sous l’impulsion du Président Diomaye Faye, qui incarne une rupture dans le style et les orientations de la diplomatie sénégalaise, cette approche se veut apaisée, cohérente et pragmatique. Il ne s’agit pas de juger les choix politiques de l’AES, ni de s’aligner mécaniquement sur des blocs, mais de préserver l’essentiel : la paix, la stabilité, la coopération, et les intérêts stratégiques du Sénégal dans une sous-région fragilisée mais porteuse de renouveau.
Dans une région en mutation, marquée par des tensions mais aussi par des espoirs de refondation, le Sénégal a un rôle de trait d’union à jouer. Et cela exige de l’intelligence politique, du pragmatisme économique et de la fidélité historique.
En réaffirmant les fondements profonds de notre relation avec le Sahel, Ousmane Sonko, dans le cadre de la politique étrangère définie par le chef de l’État, a tracé une voie que notre diplomatie, nos entreprises et nos institutions doivent suivre : celle de l’ouverture, de la continuité, et du leadership régional apaisé.
Abdoulaye Dieng – Entrepreneur