Nous sommes aux environs d’un mois que Ngoné Saliou Diop a insulté les Peuls commettant un crime apte à destructurer le tissu national sénégalais. L’affaire n’a apparemment ému que ceux dont les voix ne portent pas plus loin que le bout de leur nez dont les narines fument encore le feu de la rage et de la colère. Entendue une fois par la cybercriminalité, l’incriminée est tranquillement rentrée chez elle comme si elle revenait d’une promenade langoureuse aux bords de la Corniche. Les plaignants n’ont eu droit à aucune explication sinon des rumeurs savamment distillées pour leur demander d’aller trouver autre chose à faire que de réveiller le courroux du patron de céans. Les avocats comme discrètement admonestés et rabroués par une force obscure mais puisssante ont, sous les formes d’une bouderie, rangé leur robe sans crier gare. Ils ont même eu l’outrecuidance de conseiller aux plaignants de bouder, le cas échéant, l’audience. Comble de ridicule ! Comment porter plainte et refuser de se rendre au tribunal ? Cette force invisible qui a fait reculer les enquêteurs, avaler sa langue au procureur et coudre la bouche des militants des droits de l’homme très prompts à exiger que le droit soit dit, cette force-là est très puissante. Pour autant, elle est l’expression d’une ramification d’une pensée gouvernante qui s’amuse à mêler pouvoir et justice et entretenir savamment une idée dangereuse que le temps d’une communauté naguère régnante est devenue caduque et qu’elle devrait subir les contrecoups de la perte du pouvoir et, par conséquent un semblant de confort juridique. Accepter cet état de fait, c’est donner raison justement à Ngoné Saliou et compartimenter le Sénégal en deux camps, celui des Borom Doolé et celui des Baa Doolo.
Le silence du procureur est long, il traîne les pieds comme s’il attendait la rectification d’une directive qu’il a déjà reçue. Le mutisme des enquêteurs de la cybercriminalité semble dicté par une impuissance liée à un dilemme entre l’insubordination suicidaire et la lâcheté qui déshonore la tenue et les galons. Entre les deux, les droits-de-l’hommistes professionnels ne surprennent personne par leur attentisme. Il y a longtemps qu’ils se sont rangés derrière les pourfendeurs de cette république et de ses valeurs sacrosaintes, par peur ou par partialité atavique.
Ngoné Saliou a fauté, l’État doit prendre ses responsabilités. C’est cela qu’il faut souffler à l’oreille du procureur et non de faire pourrir un cas qui lui-même est en train de pourrir notre vivre-ensemble. Toutes les personnes qui s’en prennent à cette réalité construite bien avant les indépendances doivent être punies. Par conséquent, Ngoné doit être punie pour s’en être prise non pas seulement à une communauté mais à la Nation sénégalaise en entier. Ce pays, le Sénégal, repetons-le, n’appartient pas à certaines personnes qui en seraient les seuls citoyens valables à côté d’autres qui ne seraient que leurs invités à qui ils indiquent où et comment se tenir.
Ceci est une alerte d’un citoyen sénégalais soucieux de la préservation de notre commune volonté de vivre ensemble jusqu’ici solide et résistante malgré les secousses sismiques qui ont jalonné notre histoire, notre grande Histoire, au cours de laquelle des hommes et des femmes d’origines ethnolinguistiques diverses se sont confrontés sans mettre en cause notre bon voisinage.
Sanctionner c’est encourager les bons et punir les mauvais. Quand les choses vont commencer à se faire à l’envers, ce sera le début du commencement de la fin d’une jeune nation si prometteuse.
Pour un peuple uni, un but alliant tous nos rêves et une foi infaillible à notre sénégalité plurielle.
Moussa Diallo
Enseignant Chercheur
