Dakarmidi – Décidément, pour quelqu’un qui se présente sans parti et sans étiquette, je risque de passer dans l’affaire des parrainages, pour une apparatchik du système. Que voulez-vous, la modernité me fascine et la jeunesse me rend fusionnelle !
Alors, quand le pouvoir et l’opposition par presse interposée se donnent en spectacle dans la guerre du parrainage, la question que je me pose personnellement, c’est comment l’expliquer à mes enfants.
Je pourrais me contenter de reprendre les propos du pôle mobilisation et parrainage, en la personne de Madame Aminata Touré : «Le projet de loi sur le parrainage s’inscrit dans une logique générale. Il sera difficile de citer un pays actuellement où il n’y a pas de «pré-qualification». Il faut à un moment donné que la candidature à la fonction présidentielle soit des candidatures sérieuses avec un système de tamis», soutient-elle.
Je pourrais aussi me référer à l’opposition : « La loi sur le parrainage doit être combattue car le peuple souverain refuse le « bidouillage » de la constitution et ne veut pas que cette loi passe au forceps ».
Il faut bien avouer que ce projet de loi qui implique un acte de révision de la constitution arrive tardivement, dans un temps politique de pré-campagne électorale et peut à ce titre être interprété comme une manœuvre.
Le souci malgré tout, c’est qu’en matière de démocratie et de progrès je préfère me fier à mon instinct et à mon intime conviction.
Voici donc ma fille, le vote de la loi sur le parrainage est présenté en Commission ce lundi 16 avril 2018 à l’Assemblée Nationale et en séance plénière le jeudi 19 avril 2018 relative au projet de révision de la Constitution par le Ministre de la justice.
Ainsi, pour être candidat, à la prochaine présidentielle de 2019, si cette loi est votée, tout intéressé devrait obtenir des signatures de citoyens à hauteur de 1% du fichier électoral, estimé à 6.500.000 d’électeurs soit une obligation de collecter 65000 signatures dans 7 régions du Sénégal.
Étant précisé que chaque citoyen ne peut parrainer qu’un seul candidat. L’objectif visé par cette réforme constitutionnelle est de filtrer les candidatures en empêchant celles qui sont fantaisistes.
Franchement, on peut comprendre dans un pays de 15 millions d’habitants avec plus de 300 formations politiques et 47 listes électorales aux dernières législatives que la multiplication des candidats à l’élection présidentielle puisse être un casse-tête constitutionnel.
D’ailleurs, sur les 47 listes aux dernières élections législatives, 33 n’ont pas eu un seul député.
Selon une source bien informée, 2700 tonnes de papiers et 71 tonnes de fret ont été nécessaires à l’organisation de ces récentes élections, pour un coût de 18 milliards de Fcfa à la charge du contribuable.
Ne sommes-nous pas en droit de se demander, dans ces conditions, si un candidat à l’élection présidentielle ne parvient pas à obtenir 65000 signatures de Sénégalais, s’il mérite qu’on imprime 7 millions de bulletins de vote pour lui ?
Le filtrage démocratique du nombre de candidatures permettra donc logiquement à l’offre politique et aux différents programmes d’être plus consultés, mieux écoutés et compris.
Un progrès démocratique, somme toute, qui n’empêchera en aucun cas les principaux leaders de l’opposition de se présenter.
Alors, en dehors du mauvais timing, y a t’il ici de quoi tirer à boulets rouges sur le pouvoir ou est-ce encore un artifice pour brouiller le dialogue politique ?
Les sénégalais ne sont pas stupides ! Le Sénégal se modernise, ils avancent avec lui ! Un seul exemple, les résultats encourageants obtenus dans la lutte contre le paludisme, qui confèrent au Sénégal sa place parmi les 5 pays les plus avancés dans le domaine.
Écoute ma fille, ne te laisse pas berner par les promesses, surtout en politique, mais ne vois pas dans chaque avancée démocratique de la manœuvre et des magouilles. Lis, cultive-toi, informe-toi, développe ton sens critique et surtout n’oublie jamais d’aller voter. Tu trouveras peut-être dans ces parrainages citoyens un avenir à partager !
#4 journal de Campagne
Oumou Wane