Dakarmidi – J’ai été frappé de stupeur quand j’ai appris la décision de Youssou Ndour de marquer une pause dans sa carrière musicale ; si nous étions au mois d’avril, j’aurais pensé à un poisson d’avril. Avec une telle décision, on peut se demander si le génie éternel, comme je l’appelle, est fatigué et sa source tarie. Ou alors ses affaires ont tellement prospéré que leur gestion ne lui permet plus de voguer dans le long fleuve tranquille qu’est la musique. Autant de questions parmi tant d’autres qu’on est en droit de se poser, surtout quand on appartient à la phalange des fans invétérés du « Roi du Mbalax » Sénégalais.
Cette décision, aussi inattendue qu’invraisemblable, a semé le doute chez beaucoup de mélomanes faute d’explications de l’intéressé. Dire que Youssou Ndour n’a plus rien à prouver est impropre pour un génie dont le rôle est toujours de créer, d’innover et toujours avoir la capacité de sortir de l’ombre pour briser les étaux. De ce point de vue, Youssou n’a pas le droit d’abandonner la musique qui lui a tout donné et qui lui donnera davantage, car l’homme est un immense artiste doté de beaucoup de dons en la matière. De sa part, abandonner la musique, c’est créer partout des orphelins, au Sénégal et dans le monde.
Les nombreux prix qu’il a remportés à l’échelle mondiale, justifient ses innombrables potentialités dans le domaine qui est le sien. Youssou Ndour est le symbole vivant de la création et sa voix douce et violente comme la vie, est capable de se muer en plusieurs variations pour réveiller les dormeurs, les paralytiques et les indolents. Sa voix est si pénétrante qu’elle peut insinuer, dans les veines fragiles de l’être humain, le sang de la vigueur. En cela, on peut le considérer comme un messie qui a une mission à accomplir auprès de ses semblables, dont une importante partie de leur bonheur, dépend de ses merveilleux tours de chants.
Aussi, nous appuyons la pression exercée sur lui par son frère Bouba Ndour pour qu’il retrouve le chemin des studios d’enregistrement et pourquoi pas les grands concerts. Certes, son métier qui prend une bonne partie de son temps, est extrêmement exigeant. Que de nuits blanches. Que de concentration. Que d’innombrables heures de travail consacrées depuis la conception jusqu’à la mise en boîte d’un seul morceau. C’est harassant et épuisant, surtout quand on est dans ce métier depuis plusieurs décennies.
Mon cher Youssou, ne nous abandonne pas. Reste avec nous car sans toi nous serons la proie sans défense du chagrin qui va moralement détruire notre vie. Que dieu veille sur toi en te donnant une longue vie, une bonne santé et des moyens chaque jour plus importants, pour poursuivre ton exaltant travail.
Majib Sène
