Ce, 7 au 9 octobre 2025, la capitale sénégalaise accueille le 9e Symposium AfriGEO. Il s’agit d’un rendez-vous continental d’envergure consacré aux sciences, technologies et applications de l’observation de la Terre au service du développement durable de l’Afrique. Organisé par le Centre de Suivi Écologique (CSE) pour le compte du Ministère de l’Environnement et de la Transition Écologique (METE), ce symposium, placé sous la présidence des plus hautes autorités du pays, réunit près de 300 experts, chercheurs et décideurs venus d’Afrique et du reste du monde. L’événement s’inscrit dans la dynamique du Groupe intergouvernemental sur les observations de la Terre (GEO), dont le Sénégal est un acteur clé.
Sous le thème « Des données à leurs impacts : renforcer l’avenir géospatial de l’Afrique » cette importante rencontre met en lumière un enjeu central : comment transformer les masses de données issues des satellites et des technologies spatiales en actions concrètes pour la gestion durable des ressources, la planification urbaine, la lutte contre les changements climatiques et la préservation des écosystèmes.
Pour le Professeur Cheikh Mbow, Directeur général du CSE, le Sénégal s’inscrit dans une trajectoire ambitieuse. « Après l’Afrique du Sud, le Ghana et le Kenya, c’est au tour du Sénégal d’accueillir le plus grand forum africain dédié à la géomatique. Cette rencontre illustre notre volonté de faire du pays un pôle d’excellence scientifique et technologique sur le continent », a-t-il souligné.
Il rappelle que les applications de l’observation de la Terre touchent désormais tous les domaines de la vie publique et économique : cartographie, gestion agricole, surveillance des forêts et des zones inondables, navigation, télécommunications, et même qualité de l’air.
Le Symposium AfriGEO ne se limite pas à un simple échange académique. Il vise à bâtir une coalition panafricaine d’institutions agences spatiales, centres de recherche, universités et organisations internationales pour mutualiser les efforts en matière de production de données, de recherche appliquée et d’innovation technologique.
« Aucun pays ne peut, seul, disposer de tous les moyens nécessaires pour répondre à ses besoins en données », a expliqué M. Cheikh Mbow avant de continuer : « C’est dans la solidarité, le multilatéralisme et la coopération que l’Afrique parviendra à exploiter pleinement le potentiel du spatial pour appuyer ses politiques publiques. »
Près de 1 500 chercheurs et ingénieurs se réunissent ainsi à Dakar pour partager leurs travaux, échanger sur les nouveaux outils géospatiaux et élaborer des solutions communes. Une formation de haut niveau a également été organisée en marge du symposium, permettant à plus de 60 jeunes chercheurs africains de se perfectionner dans des domaines tels que l’imagerie par drone, l’intelligence artificielle appliquée à la Terre, ou encore la surveillance environnementale.
Le Directeur général de l’Agence sénégalaise d’études spatiales (ASES), M. Marame Kaïré, a salué la tenue du symposium comme une étape clé du leadership spatial sénégalais.
« Préserver notre environnement passe par l’utilisation intelligente des données satellitaires. Ce forum montre comment l’Afrique peut passer des données à l’impact, en améliorant la vie quotidienne des populations et en donnant aux États des outils de monitoring efficaces », a-t-il déclaré.
Le Sénégal, qui développe déjà une constellation de satellites dédiés à la surveillance maritime, entend utiliser ces technologies pour faire face à des enjeux cruciaux : la lutte contre l’érosion côtière sur les 700 kilomètres de littoral ; la prévention des coupes illégales dans les forêts ; la surveillance des plateformes pétrolières et gazières et la lutte contre la pêche illégale.
« Le principal défi de l’Afrique reste la maîtrise technologique », souligne M. Kaïré qui ajoute : « Il faut former nos jeunes, construire nos infrastructures et assurer un véritable transfert de compétences et de technologies. C’est à cette condition que nous pourrons transformer le potentiel spatial africain en moteur de développement durable. »
La tenue du Symposium AfriGEO à Dakar coïncide avec les ambitions du New Deal technologique prôné par le gouvernement sénégalais. Ce cadre stratégique vise à renforcer la souveraineté numérique, l’employabilité des jeunes et la transition écologique grâce à la science et à l’innovation.
En rassemblant chercheurs, décideurs et partenaires internationaux, le Sénégal confirme son rôle de pionnier du spatial africain, et affirme sa vision d’un continent acteur et non spectateur de la révolution technologique mondiale.