Sous l’égide de l’Université Senghor en collaboration avec l’AIDUS (Université Internationale de la Langue Française au service du Développement Africain), s’est tenue une conférence de haut niveau autour du thème : « Politique de microfinance et intégration de l’économie sociale et solidaire : quelles dynamiques pour un développement inclusif ? »ce samedi 2 Août 2025.
Présidée par Dr Alioune Dione, Ministre de la Microfinance, de l’Économie Sociale et Solidaire, la rencontre a mobilisé chercheurs, responsables associatifs, membres de la société civile et acteurs du développement. Parmi eux, M. Moussa Diop, président de l’Association Sebghorienne, a marqué de sa présence ce grand rendez-vous d’idées.
Dans une allocution forte et engageante, Dr Alioune Dione a rappelé les fondements de son action ministérielle : faire de la microfinance un outil économique structurant, au service d’un développement endogène, durable et souverain.
« Nous devons aller vers une inclusion maximale. Il faut faire en sorte que chaque citoyen ait accès à une activité qui lui permette de vivre dignement », a-t-il déclaré, en dénonçant les logiques d’exclusion à l’origine de la pauvreté et de l’instabilité.
Le ministre a également retracé l’histoire des coopératives agricoles inspirées par Mamadou Dia, saluant un modèle basé sur la production locale, la transformation, et la création de valeur à la base. Il a cependant souligné les obstacles historiques :
« Mamadou Dia n’a pas été combattu uniquement pour ses idées, mais parce qu’il portait une vision souverainiste qui dérangeait certains intérêts. »
Dr Dione met en garde contre les « traîtres à l’interne », ces relais locaux d’intérêts étrangers, qui freinent l’émancipation économique de l’Afrique.
Le secteur de la microfinance au Sénégal présente des indicateurs solides :
● 297 institutions financières agréées
● Plus de 4 millions d’usagers
● Un encours total de 765,6 milliards FCFA
Cependant, la fracture territoriale demeure préoccupante : seulement 7,5 % de couverture dans les zones rurales les plus pauvres, alors que la pauvreté y dépasse souvent 50 %.
Face à ce paradoxe, Dr Dione annonce deux initiatives structurantes :
Une stratégie de financement ciblé en zone rurale
■ Un appui renforcé aux systèmes de production communautaires
L’objectif est clair : rompre avec une microfinance politisée ou caritative, pour l’inscrire dans une logique de développement intégré.
En cohérence avec la stratégie présidentielle pour un Sénégal souverain, juste et prospère, Dr Dione a réaffirmé les quatre piliers de la transformation structurelle :
1. Bonne gouvernance
2. Développement durable
3. Inclusion sociale
4. Souveraineté économique
Il a salué l’implication croissante des leaders religieux et coutumiers dans la diffusion des politiques économiques à la base, soulignant leur rôle central dans le changement des mentalités.
Dans son intervention, Moussa Diop, président de l’Association Sebghorienne, a souligné l’importance du thème pour répondre aux urgences sociales :
« Cette conférence est capitale. Elle s’inscrit dans la dynamique du Sénégal 2050, en apportant des réponses concrètes aux ménages en difficulté. Il faut transformer les foyers vulnérables en comités de production, capables de créer de la richesse. »
Pour lui, l’économie sociale et solidaire, adossée à la microfinance, constitue un levier essentiel pour sortir les populations de la précarité, à travers des coopératives productives et solidaires bénéficiant des mécanismes publics.
Cette conférence a mis en lumière la complémentarité stratégique entre la microfinance et l’économie sociale, appelant à une mobilisation collective pour que l’inclusion financière devienne un vecteur de paix, de dignité humaine et de prospérité en Afrique.