Le cinéma sénégalais a vécu un moment fort ce vendredi soir, avec la projection spéciale du long métrage Une si longue lettre, réalisé par Angèle Diabang. Organisée par le Ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, cette séance a rendu un vibrant hommage à Mariama Bâ, auteure du roman culte éponyme, et à la vitalité du cinéma sénégalais contemporain.
Présidée par M. Amadou Ba, ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, en présence du Dr Bacary Sarr, secrétaire d’État à la Culture, aux Industries créatives et au Patrimoine historique, la cérémonie a réuni de nombreuses personnalités du monde politique, culturel et diplomatique, ainsi que des figures emblématiques du cinéma et de la littérature.
Dans son adaptation, Angèle Diabang revisite avec sensibilité les thématiques universelles du roman : la condition féminine, la fidélité aux valeurs et la quête d’émancipation dans une société en mutation. Véritable succès populaire, Une si longue lettre a enregistré près de 3 000 entrées en quatre jours au Cinéma Pathé de Dakar, dépassant plusieurs productions hollywoodiennes à l’affiche.
Visiblement émue par l’accueil réservé à son œuvre, Angèle Diabang a exprimé sa reconnaissance envers le public et les autorités.
« Je suis profondément émue de voir autant de monde répondre présent. Ce film est avant tout un hommage à Mariama Bâ, à sa voix, à sa force, mais aussi à toutes ces femmes africaines qui continuent chaque jour de faire bouger les lignes », a-t-elle confié.
La réalisatrice a toutefois attiré l’attention sur les défis économiques auxquels sont confrontés les producteurs sénégalais : « Derrière chaque film, il y a des sacrifices et beaucoup de dettes. Le producteur est l’axe central de toute création cinématographique, mais il est encore trop fragile. »
Elle a ainsi plaidé pour un cadre plus favorable à la production nationale, invitant les pouvoirs publics et le secteur privé à « repenser ensemble un modèle économique durable ».
Ce succès, salué par la presse internationale, témoigne selon le ministre Amadou Ba « de l’attachement profond du public sénégalais à sa culture et de la renaissance du cinéma national ».
« Il faut rendre hommage à la productrice, aux acteurs et à toutes celles et ceux qui ont rendu possible cette belle œuvre. À travers ce film, vous jetez les bases du renouveau du cinéma sénégalais », a déclaré le ministre.
Monsieur Ba a également réaffirmé l’engagement du gouvernement à soutenir les industries culturelles et créatives : « Il nous faut trouver un nouveau modèle de financement du cinéma africain. Le succès de ce film doit inspirer les investisseurs et encourager la création d’une véritable économie du cinéma. »
Pour le ministère, cette initiative s’inscrit dans une stratégie globale de promotion de la culture sénégalaise comme levier de souveraineté et de diplomatie culturelle. En célébrant la littérature, la jeunesse et la création féminine, cette projection spéciale confirme la place du Sénégal parmi les grands foyers de production artistique du continent.
« Une si longue lettre n’est pas seulement un film. C’est un symbole, une passerelle entre mémoire et modernité, et un appel à croire en nos propres récits », a conclu Angèle Diabang sous un tonnerre d’applaudissements.