Dakarmidi- Mamoudou Barry est décédé samedi des suites de ses blessures, après avoir été brutalement pris à partie la veille.
Enseignant-chercheur à l’université de Rouen-Normandie, Mamoudou Barry est mort samedi, au lendemain d’une violente altercation avec un individu. Mamoudou Barry se trouvait alors dans sa voiture avec sa femme, qu’il était venu chercher à Canteleu, près de Rouen.
Ni les raisons de la dispute, ni l’identité de son agresseur, toujours en fuite ce dimanche, ne sont pour l’heure connues. Selon nos informations, une enquête a été ouverte par le parquet de Rouen.
« Les faits auraient été commis entre 20 heures et 21 heures, sous réserve du résultat des investigations à venir », a simplement commenté le procureur de Rouen Pascal Prache. « Les investigations sont en cours. Les auditions et vérifications devraient permettre de préciser le déroulement des faits », a-t-il ajouté sans plus de précision.
Une « agression raciste » pour ses proches
Selon le témoignage de certains de ses proches, dont certains s’appuient sur le récit de l’épouse de la victime, il s’agit d’« une agression raciste », comme le soutient Kalil Aissata Kéita, enseignant-chercheur à l’Université de Rouen, lui aussi Guinéen.
« Ami proche » de la victime, il a raconté à l’AFP que le jeune chercheur, âgé de 31 ans et père d’une fille de 2 ans, aurait été pointé du doigt par son agresseur, à la hauteur d’un arrêt de bus, alors qu’il rentrait chez lui en voiture avec son épouse vendredi vers 20h30.
« L’agresseur les a pointés du doigt et a dit : « Vous les sales noirs, on va vous niquer ce soir » », a relaté Kalil Aissata Kéita, alors que l’Algérie et le Sénégal s’affrontaient le soir même en finale de la coupe d’Afrique des nations de football.
Mamoudou Barry serait descendu de sa voiture pour demander des explications à son agresseur qui l’aurait alors roué de coups. « C’est au 4e coup qu’il est tombé sur la nuque », a encore raconté Kalil Aissata Kéita, qui dit avoir été aussitôt appelé par la femme de la victime. L’agression a, selon lui, été filmée par des caméras de vidéosurveillance et s’est déroulée devant plusieurs témoins.
« À la justice de faire toute la lumière », selon Christophe Castaner
Dimanche midi, Christophe Castaner a assuré que « tout est mis en oeuvre pour identifier et interpeller l’auteur de l’agression », précisant qu’il « appartiendra à la justice de faire toute la lumière sur cet acte odieux ».
« Débordant de projets, Mamoudou Barry forçait, par son travail, l’admiration de ses collègues et de ses étudiants », a réagi Joël Alexandre, président de l’Université de Rouen-Normandie, dans un communiqué. « Nous souhaitons que toute la lumière soit faite sur les circonstances du drame ».
« L’enquête doit nous apporter toutes les réponses et mettre ses agresseurs face à leurs responsabilités. Nous le devons à sa femme et son enfant », a commenté sur Twitter la députée LREM de Paris Laetitia Avia, elle-même cible constante de propos racistes sur les réseaux sociaux.
Une cagnotte en ligne ouverte
Mamoudou Barry avait soutenu une thèse de droit sur les « Politiques fiscales et douanières en matière d’investissements étrangers en Afrique francophone » le 27 juin dernier à Rouen, selon le site de l’Université.
« Il a été victime d’une agression verbale puis physique d’une extrême violence », avait dénoncé tôt dimanche matin un communiqué de Thinking Africa, un institut de recherche africain où travaillait Mamoudou Barry, de nationalité guinéenne.
« Nous perdons un homme de valeur, de consensus, un conciliateur, un brillant intellectuel pluridisciplinaire, a rendu hommage Thinking Africa. Mamoudou a toujours été un guide pour les étudiants, un exemple pour ses collèges et un père de famille dévoué. »
Une cagnotte en ligne a été ouverte pour aider au rapatriement du corps de Mamoudou Barry en Guinée et « accompagner sa femme et sa fille ».
Avec le Parisien