Dakarmidi – Le 20 janvier prochain, il passera le flambeau à l’un des candidats en lice pour lui succéder. Après huit ans à la Maison Blanche, Barack Obama s’apprête à retourner à la « vie normale ». Alors qu’il jouit d’une forte popularité auprès des Américains en cette fin de mandat, que va-t-il faire de sa retraite? Le point sur les pistes possibles.
Il a assuré qu’une fois l’investiture de son successeur passée, il dormirait pendant deux semaines. Mais c’est, pour l’heure, la seule confidence concrète faite par Barack Obama au sujet de son avenir. Le 20 janvier 2017 marquera la fin de son passage de huit ans à la Maison Blanche. Agé de 55 ans, il est encore très jeune, seulement un an de plus que Bill Clinton lorsque ce dernier avait rendu les clés de la présidence, en janvier 2001. Dès lors, une multitude de scénarii sont imaginables pour la suite de ses activités.
Mais si la presse américaine aime spéculer sur les hypothèses les plus folles, rêvant par exemple Barack Obama en manager sportif, et que le principal intéressé avait lui-même imaginé son avenir avec humour dans un sketch réalisé pour son dernier dîner des correspondants, en avril, seules quelques perspectives semblent plausibles.
Retourner à Chicago
Jimmy Carter est resté très impliqué dans les dossiers internationaux et a mis son expérience au service de grandes causes. Ronald Reagan, malade et affaibli, s’est retiré en Californie. Bill Clinton a multiplié les conférences (grassement) rétribuées tout en dirigeant sa Fondation. George W. Bush, comme son père avant lui, est retourné dans son ranch texan, se découvrant une passion pour la peinture. Mais quid de Barack Obama?
S’il n’est pas exclu que les Obama restent encore un an ou deux à Washington, le temps que leur fille Sasha termine le lycée, ils devraient ensuite retrouver le chemin de Chicago, où ils se sont rencontrés et ont débuté leurs carrières respectives. C’est d’ailleurs dans la capitale de l’Illinois que le président sortant fera construire sa bibliothèque présidentielle, l’édifice que laisse chaque président américain, selon la tradition instaurée sous le mandat d’Herbert Hoover, dans les années 1930.
Le président américain a laissé entendre plusieurs fois qu’il donnerait en tout cas la priorité à sa famille, une fois son exercice présidentiel terminé. « Les Obama sont un couple moderne, et dans l’idéal, Barack Obama aimerait que son épouse, juriste de formation, reprenne une activité professionnelle. On entre de toute façon dans une période où le couple donnera la priorité aux activités de Michelle », fait valoir Vincent Michelot, spécialiste de l’histoire des Etats-Unis, interrogé par BFMTV.com.
S’éloigner de la vie politique
La candidate démocrate Hillary Clinton avait fait savoir au cours d’une interview donnée en juillet sur CBS qu’elle envisageait de consulter Barack Obama régulièrement, pour lui demander son avis sur des dossiers. Pour autant, et bien qu’il se soit pleinement engagé à ses côtés dans la campagne, il est difficilement imaginable que l’actuel président devienne un conseiller de l’ombre de son ancienne secrétaire d’Etat, si celle-ci était élue le 8 novembre.
« C’est un président qui quitte la Maison Blanche avec une cote de popularité significative, 55% en ce moment. Il serait donc indécent et impensable de conseiller Hillary Clinton, d’interférer dans sa politique. Ce serait dévastateur pour l’image de la démocrate et la priverait de légitimité. Barack Obama va la laisser habiter la fonction », analyse Vincent Michelot, pour qui le président sortant a l’obligation, pendant au moins un an, de quitter la vie politique et « se mettre sur la touche ».
Prendre la tête d’une institution ou d’une université
Parmi les scénarii qui reviennent régulièrement, celui d’un Barack Obama prenant les rênes d’une grande institution internationale. « On peut tout à fait l’imaginer prendre la tête de l’un des organismes de l’ONU, pour lequel il effectuerait des missions diplomatiques ponctuelles », développe Vincent Michelot. Un peu comme a pu le faire Jimmy Carter avant lui. Depuis son départ du pouvoir en 1981, l’ex-président démocrate est en effet resté très actif sur la scène internationale, par le biais de sa Fondation, au point d’endosser un rôle de médiateur dans plusieurs conflits.
Autre possibilité: la présidence d’une université. « C’est une fonction qui n’est pas inconsidérée pour un ancien président américain », estime Vincent Michelot. En revanche, l’hypothèse de voir Barack Obama retourner à l’enseignement du droit –il a été professeur de droit constitutionnel à l’université de Chicago de 1991 à 2004- est plus improbable.
« Après avoir été chef de la diplomatie américaine de 1997 à 2001, Madeleine Albright est devenue professeur à l’université de Georgetown. Mais il y a tout de même un saut qualitatif entre le poste de secrétaire d’Etat et celui de président. Il est difficilement envisageable pour un ancien président de donner des cours », explique Vincent Michelot.
Quoi qu’il en soit, Barack Obama se devra de respecter ce que le spécialiste appelle un « délai de décence », avant de récupérer ce genre de haute responsabilité. « Tout est question de temporalité. L’exercice de la présidence est épuisant et nécessite un long repos. Pour ne pas donner l’impression qu’il profite de son statut pour récupérer un poste haut gradé, il se doit de respecter ce délai de trois, quatre ans », estime Vincent Michelot.
Ecrire, défendre des causes
Trois, quatre ans, que le président sortant, qui est un cérébral, pourrait occuper à écrire ses mémoires, comme l’ont fait presque tous ses prédécesseurs, mais aussi d’autres genres d’ouvrages. Par ailleurs, les propositions de conférences, sur le modèle des interventions de Bill Clinton, ne devraient pas manquer.
Enfin, Barack Obama a plusieurs fois évoqué le souhait de venir en aide aux jeunes Afro-Américains issus des quartiers défavorisés, afin de lutter contre l’inégalité des chances. Cette préoccupation « restera une mission pour moi, pas seulement pour le reste de ma présidence mais pour le reste de ma vie », avait-il dit en 2015, alors qu’il annonçait le lancement de l’organisation « My Brother’s Keeper Alliance », visant à aider les jeunes issus de minorités.
Avec BFM TV