La commémoration du 81e anniversaire du massacre de Thiaroye a été l’occasion pour le nouveau président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, de poser un acte politique et mémoriel fort. Devant des dirigeants africains et le représentant de la France, il a présenté sa feuille de route pour affronter ce passé traumatique.
Une exigence : la matérialité des faits
Le discours présidentnel a dépassé la seule rhétorique commémorative pour exiger des actions concrètes. M. Faye a placé au centre de son propos l’identification des victimes, la localisation des sépultures et la clarification des responsabilités. Pour y parvenir, il mise sur un outil scientifique : un comité international de chercheurs indépendants, chargé de faire la lumière sur cette « séquence de notre histoire partagée avec la France ». Cette approche institutionnelle vise à objectiver le débat et à fournir une base incontestable à la mémoire.
Un partenariat exigeant avec l’ancienne puissance coloniale
La présence du ministre français Jean Noël Barrot et la référence à la lettre d’Emmanuel Macron montrent une volonté de dialogue. Toutefois, le président sénégalais formule une attente précise : l’accès intégral aux archives françaises. Il énumère ce que ces documents doivent permettre d’établir : le nombre exact de victimes, leurs identités, leurs parcours, le montant des arriérés de solde qui avait motivé leur protestation, et le déroulement exact de la répression des Tirailleurs. Cette liste détaillée constitue un cahier des charges adressé à Paris.
Entre avancées symboliques et vérité historique
M. Faye reconnaît les progrès dans la position française, de la déclaration de François Hollande en 2014 à la reconnaissance récente du « massacre » par Emmanuel Macron. Cependant, il souligne que ces gestes, bien que nécessaires, restent insuffisants. Les « zones d’ombre » – principalement le nombre de morts – empêchent une pacification complète de la mémoire. Son discours fixe donc un cap : transformer les reconnaissances verbales en vérité historique établie, condition sine qua non d’une « réconciliation sincère ».
