Lors d’une rencontre sur la transformation structurelle de l’État, tenue ce lundi, le Premier ministre Ousmane Sonko a souligné l’importance cruciale de la réforme du service public, un pilier essentiel du plan de redressement économique et social du gouvernement.
Le service public, cœur de l’action de l’État
Pour Sonko, le service public ne se limite pas à l’administration : il englobe toutes les activités d’intérêt général, qu’elles soient menées directement par l’État ou sous son contrôle. « C’est l’ensemble de l’action publique qui doit être repensée », a-t-il déclaré, citant des priorités comme l’accès à l’alimentation, aux soins de santé, à l’éducation, aux infrastructures et à la sécurité.
Des progrès, mais des défis persistants
Si le Sénégal surpasse plusieurs pays africains en matière de performance administrative, Sonko refuse toute complaisance. « Comparons-nous aux meilleurs, pas à ceux que nous dépassons », a-t-il insisté, appelant à rompre avec les héritages coloniaux pour instaurer une culture administrative moderne, axée sur l’éthique, la transparence et la responsabilité.
La corruption, un frein au développement
Le Premier ministre a dénoncé avec fermeté les pratiques corruptives qui minent l’efficacité des services publics. « La majorité des agents sont intègres, mais trop nombreux sont ceux qui choisissent la facilité », a-t-il regretté, illustrant son propos par un exemple frappant : « Quand un chauffeur achète sa visite technique, ce sont des vies humaines qu’on met en danger ».
Il a aussi fustigé les enrichissements suspects dans la fonction publique : « Personne ne devient milliardaire avec un salaire de fonctionnaire. Pourtant, ces dernières années, ce phénomène s’est banalisé ». Sonko a pointé du doigt les disparités salariales, révélant que certains directeurs généraux gagnent jusqu’à 4,5 fois plus que le président de la République.
Réformer le recrutement et moraliser la vie publique
Parmi les solutions avancées, Sonko a plaidé pour une refonte de la formation des agents publics, un recrutement basé sur le mérite plutôt que sur des critères familiaux ou politiques, et une meilleure gestion des ressources humaines. Il a également salué l’initiative d’une nouvelle loi protégeant les lanceurs d’alerte, visant à renforcer la transparence.
Enfin, le Premier ministre a appelé à une lutte rigoureuse contre les surfacturations et les gaspillages, qui privent les services essentiels de ressources précieuses. Une réforme systémique s’impose, selon lui, pour redonner au service public sa vocation première : servir l’intérêt général.