Paris a été le cadre, ce vendredi, d’une campagne visuelle marquante orchestrée par la diaspora africaine. De la place de la République aux abords de la tour Eiffel, des affiches au message sans équivoque ont été placardées : « Réparations, Restitution, Renaissance pour l’Afrique ! ». Cette action vise à briser le silence entourant les dettes coloniales et à exiger justice.
Le cœur du message interpelle directement la France sur son passé colonial. Les affiches rappellent avec force la rétention par les musées français, notamment le Quai Branly et le Louvre, de trésors culturels africains. Des artefacts du Bénin, des masques sacrés du Mali ou des pièces ivoiriennes, acquis durant la période coloniale, sont pointés du doigt. La demande de leur restitution immédiate sur le continent africain constitue un pilier central de la mobilisation.
Cette campagne s’inscrit dans un écho international plus large. Le rappeur-activiste nigérian Emmanuel Great Okugun, connu sous le nom de Gee Baller, porte ce combat au-delà des rues parisiennes. Sa pétition « Return Africa’s Stolen Heritage: Repatriation and Reparations Now » sur Change.org est devenue un symbole rassembleur. Elle exige non seulement le retour des biens culturels pillés, mais aussi des réparations financières pour des siècles d’exploitation systématique.
Les organisateurs soulignent que l’enjeu dépasse largement la simple compensation matérielle. Ils questionnent : comment évaluer le coût de millions de vies détruites par la traite esclavagiste ? Comment chiffrer l’effondrement des structures sociales et économiques provoqué par la colonisation ? Pour eux, les réparations représentent avant tout un impératif moral fondamental.
L’impact dans les rues de Paris est immédiat. Touristes et résidents s’arrêtent, lisent les slogans et s’interrogent. Pour nombre d’entre eux, la campagne révèle avec une brutalité nouvelle l’ampleur des spoliations coloniales. D’autres, déjà informés, saluent cette initiative qui offre enfin une visibilité européenne aux luttes africaines pour la justice historique.
Cette action parisienne s’inscrit dans une dynamique mondiale grandissante. Les revendications de réparations et de restitution gagnent en puissance, portées par une jeune génération africaine et afro-descendante déterminée à refuser l’oubli et à exiger une reconnaissance pleine et entière. Le message est clair : l’Afrique et sa diaspora écrivent désormais elles-mêmes les pages de leur histoire, exigeant que justice rime enfin avec réparation.