Dakarmidi- Le Président du Parlement de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), son Excellence Monsieur Moustapha Cissé Lo, a pris part, du 31 Octobre au 01er Novembre 2019 au séminaire organisé par la Chambre des Conseillers du Maroc. Cette rencontre qui était axée sur le thème : «Les parlementaires et les défis de la sécurité alimentaire» avait pour cadre Rabat, la capitale du Royaume chérifien. Une belle occasion qui a été saisie par le Président du Parlement communautaire pour livrer un discours qui a séduit plus d’un participant.
In texto.
Excellence Monsieur Hakim Benchamach, Président de la Chambre des Conseillers du Royaume du Maroc, Président de l’Association des Sénats, shoora et conseils équivalents en Afrique et dans le monde Arabe (ASSECAA),
Excellence Monsieur Lahbib El Malki, Président de la Chambre des Représentants du Royaume du Maroc,
Excellence Monsieur Roberto Rodolfi, Directeur général adjoint de la FAO chargé de l’appui aux programmes FAO – Rome,
Excellence Mme Gabriela Cuevas Barron, Présidente de l’Union interparlementaire,
Excellence Monsieur Roger Nkodo Dang, Président du Parlement Panafricain,
Distingués Présidents des Assemblées Législatives des pays amis invités
Mesdames et Messieurs les Ministres et membres du Gouvernement
Honorables Parlementaires
Excellences Mesdames et Messieurs les membres du Corps Diplomatiques, des représentants des Organisations régionales et internationales
Mesdames et Messieurs les Experts,
Distingués invités ,
Mesdames et Messieurs, en vos Titres, Grades et Qualités respectifs,
C’est avec un immense plaisir que je me retrouve ici, encore une fois de plus, pour répondre à l’invitation de S.E M. Hakim Benchamach, Président de la Chambre des Conseillers du Royaume du Maroc et, par ailleurs, Président de l’Association des Sénats, shoora et conseils équivalents en Afrique et dans le monde Arabe (ASSECAA).
Monsieur le Président,
Au nom du Parlement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) mais aussi, à celui de toutes les populations de notre Communauté ouest-africaine, nous vous adressons nos remerciements les plus sincères pour cette marque d’estime, de considération et de sympathie, sans cesse croissante, manifestée à notre égard.
Le thème qui nous réunit ici à savoir : « Les Parlements et les défis de la sécurité alimentaire » est une des questions des plus brûlantes de l’heure. A cet égard, il me plaît, ainsi, de saluer l’engagement et la détermination de la FAO pour les efforts multiformes qu’elle continue de consentir pour venir à bout de la faim dans le monde, j’allais dire, mettre fin à la faim et ses agents noirs. Depuis belle lurette, elle est sur le terrain de l’action utile en abattant un excellent travail pour réduire ce fléau dégradant à sa plus simple expression.
C’est le lieu également de rendre un vibrant hommage à notre compatriote le défunt Jacques Diouf ravi, sans remonter si loin, à notre affection. Il n’est plus parmi nous mais, nous gardons un souvenir positif de son passage à la tête de la FAO. Qu’Allah, le Maître de l’Univers lui réserve une place de choix dans son Paradis Céleste. Amen !
Excellence Monsieur le Président,
Distingués invités,
Comme vous le savez, l’analyse de la situation alimentaire, surtout, dans le continent africain, fait ressortir un état paradoxal. Malgré les immenses potentialités dont dispose le continent africain, ses populations sont toujours confrontées à la faim et à l’insécurité alimentaire. Les perspectives d’évolution présagent que des populations risquent de souffrir de la faim dans les années à venir. Ce qui doit nous pousser à agir avec diligence et de manière coordonnée. Il est grand temps de travailler à tuer ces préjugés devenus historiques: « L’Afrique, le continent riche pauvre », « L’africain est comme un mendiant assis sur un tas d’or ». Pour ce faire, il nous faut plus de technicité, de créativité, d’ingéniosité, bref, nous devons pousser les frontières de la réflexion encore beaucoup plus loin.
En effet, pour relever le défi de la sécurité alimentaire en Afrique, il urge de s’attaquer aux causes profondes de l’insécurité alimentaire : c’est-à-dire :
– les conflits
– les aléas climatiques
– l’isolement des marchés
– l’insécurité foncière pour n’énumérer que ces facteurs
Ne dit –on pas que : « La paix du ventre impose et/ou imposera la paix civile ?».
Alors, n’est-il pas nécessaire de satisfaire alimentairement nos populations avant d’espérer jouir les fruits d’une paix sociale, de la stabilité et de la concorde dans nos Etats respectifs ?
Oui, l’écrivain engagé et grand ami de l’Afrique, Jean Ziegler, avait raison lors qu’il proclamait : « Un enfant qui meurt de faim est un enfant qu’on assassine ». Fin de citation
En tant que parlementaires, nous devons toujours être au service de nos populations ,en garantissant leur bien-être social, mais aussi leur sécurité. Nous devons être à leur service et, exclusivement ! Cela veut tout simplement dire , que nous devons leur rendre la pièce de la monnaie. A cet égard, nous devons travailler d’arrache-pied pour :
1- Encourager les investissements de soutien et assurer la durabilité, l’abondance et la qualité de la production alimentaire;
2- faire face à la grave pénurie de production alimentaire et adapter le taux d’augmentation de la production alimentaire à la croissance démographique mondiale;
3- éliminer les obstacles à la croissance souhaitée de la production alimentaire, notamment, ceux liés aux changements climatiques, d’une part ; la sécheresse, les inondations et la propagation des maladies et des épidémies, d’autre part;
4- Prendre des mesures législatives et politiques pour garantir la jouissance du droit à une nourriture suffisante, saine et sûre et ainsi éradiquer la faim, c’est-à-dire manger en qualité et en quantité.
5-Mais également d’échanger les informations et les expériences sur les stratégies liées à la sécurité alimentaire, la nutrition et la sensibilisation, et fournir des études et des propositions dans ce domaine.
Compte tenu de notre fonction législative et de notre rôle pivot de contrôle des politiques budgétaire et gouvernementale, il nous incombe en tant que parlementaires, de lutter contre la pauvreté et, dans toute la mesure de nos possibilités, lutter aussi contre la famine et la malnutrition, mais également, élaborer des politiques publiques liées au développement. Ce qui permettra de mettre en place un cadre institutionnel efficace et étendu capable de garantir le droit à l’alimentation et à la nutrition. Et bien évidemment, cela nous obligerait à renforcer la gestion du développement agricole.
Il me plait donc de vous rappeler que la sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, la possibilité physique, sociale et économique de se procurer une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins et préférences alimentaires pour mener une vie saine et active. On considère classiquement que la sécurité alimentaire comporte quatre dimensions ou « piliers » : L’ACCES, LA DISPONIBILITE , LA QUALITE , LA STABILITE
1- L’accès (c’est-à-dire la capacité de produire sa propre alimentation et donc de disposer des moyens de le faire ou la capacité d’acheter sa nourriture et donc de disposer d’un pouvoir d’achat suffisant pour le faire) ;
2- La disponibilité (c’est-à-dire d’avoir des quantités suffisantes d’aliments, qu’ils proviennent de la production intérieure, de stocks, d’importations ou d’aides) ;
3- La qualité (il s’agit ici d’avoir des aliments et des régimes alimentaires des points de vue nutritionnels, sanitaires, mais aussi sociaux-culturels) ;
4- Et enfin la stabilité (Cela permettrait d’avoir des capacités d’accès et donc des prix et du pouvoir d’achat, des disponibilités et de la qualité des aliments et des régimes alimentaires).
Par ailleurs, il ne suffit pas de produire suffisamment de nourriture dans un pays ou une région pour vaincre la faim. Des pays comme l’Inde, le Brésil ou la Chine sont parvenus à produire suffisamment de nourriture pour nourrir toute leur population, voire à exporter des surplus, sans avoir fait disparaître, pour autant, la faim. À l’inverse, des pays comme ceux bénéficiant de rentes pétrolières peuvent ne produire que peu de nourriture mais permettre à toute la population de manger en important depuis les marchés internationaux. Ce qui est donc plus important, c’est l’Accès par chaque individu, à tout instant, à des ressources alimentaires permettant de mener une vie saine et active.
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
En guise de conclusion, je dois rappeler que dans un monde globalisé, en perpétuelles mutations et qui reste confronté à de multiples défis, nous devons internaliser nos ressources qui se révèlent être d’énormes potentialités capables de nous ouvrir les portes du développement, je dis bien, d’un développement durable, viable. Ainsi, pour faire face aux désagréments liés aux changements climatiques, aux guerres intercommunautaires, au terrorisme et à l’intégrisme religieux, au fléau de l’émigration clandestine, à la traite des êtres humains, etc., il nous faut des efforts concertés.
« L’Afrique est une terre bénie des dieux », a t-on l’habitude de dire. Elle regorge d’immenses potentialités. Son potentiel de développement est si réel : sous-sol riche en ressources naturelles de toutes sortes, de vastes terres arables, une frange juvénile (de jeunes) importante et apte au travail, un ensoleillement (il est une source d’énergie) envié à travers le monde. Voilà autant d’atouts capables de la pousser vers l’épanouissement de ses peuples. L’écrivain de la Renaissance Rabelais avait raison lorsqu’il disait : « L’AFRIQUE APPORTERA TOUJOURS QUELQUE CHOSE DE NOUVEAU A L’HUMANITE ». Pour ma part, il est possible, voire fort probable que la Mère-Afrique, cette Afrique de demain deviendra l’avenir et la locomotive du monde. Nous sommes un continent d’avenir, n’en déplaisent aux chants de sirènes des pessimistes. Le développement part des mains de ceux qu’il concerne. Nous devons alors prendre main notre propre destin, nous repositionner dans ce monde multipolaire où les adeptes du gain facile ne nous feront pas cadeau. Nullement !
Je suis plus que convaincu que nous devrions lutter ensemble et de la manière la plus efficace contre la faim et la malnutrition qui sévissent dans le monde et, notamment, en Afrique. Soyons des relais avertis pour gagner ce pari d’ici à l’horizon 2050. Et ce n’est pas un pari fou , moins, irréalisable !
C’est sur cette note d’espoir et en renouvelant , encore une fois de plus, notre profonde gratitude et notre reconnaissance à Sa Majesté le Roi Mouhamed 6 , au Peuple Marocain et au Parlement du Maroc et, particulièrement, au Présent de la Chambre des Conseillers du Maroc, Monsieur Hakim Benchamach , au Président de la Chambre des Représentants du Royaume Chérifien ,Monsieur Lahbib El Malki ainsi qu’à toutes les personnalités , ici présentes, à ce séminaire , que je termine mes propos en souhaitant plein succès à nos travaux .
Je vous remercie de votre très aimable attention .
Choukran !
Merci !
Thank you !