Libéré après près de deux mois de détention, Moustapha Diakhaté, ancien président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar, a lancé de nouvelles charges contre le pouvoir en place et le système judiciaire, qu’il accuse d’étouffer la liberté d’expression.
Lors d’une conférence de presse tenue ce mardi, il a dénoncé une justice à « deux poids, deux mesures », visant directement le procureur Ibrahima Ndoye, qu’il qualifie de partial et animé par une rancune personnelle à son encontre.
Diakhaté a également réaffirmé son opposition aux poursuites pour « offense au chef de l’État », estimant qu’aucun citoyen ne devrait être emprisonné pour avoir critiqué les autorités dans un État démocratique. Sans retenue, il a répété les propos qui lui ont valu son incarcération, allant jusqu’à qualifier les dirigeants actuels de « pires que des gougnafiers » mais ils sont des « ignorants ».
Sonko épargné, Diomaye Faye « indigne » d’un président
L’ancien parlementaire a aussi comparé son cas à celui du Premier ministre Ousmane Sonko, qui, selon lui, a tenu des propos bien plus graves contre le président de la République sans être inquiété. « Si la loi doit s’appliquer, Sonko devrait être démis de ses fonctions », a-t-il asséné. Il a par ailleurs émis un jugement sévère sur Bassirou Diomaye Faye, qu’il estime « indigne de la présidence ».
Dénonciation des conditions carcérales à Rebeuss
Diakhaté a dressé un tableau alarmant de la prison de Rebeuss, qu’il décrit comme un lieu « insalubre, surpeuplé et indigne », à l’origine conçu pour des chevaux. Il a dénoncé les mandats de dépôt abusifs, la présence de détenus souffrant de troubles mentaux sans prise en charge médicale, ainsi que des cas de torture. Pour lui, ces conditions relèvent d’un « système carcéral archaïque et inhumain ».
Il a appelé à la fermeture de l’établissement et demandé une intervention urgente des défenseurs des droits humains pour mettre fin à ce qu’il nomme une « cruauté institutionnalisée ».
Prêt à retourner en prison
Malgré les risques, Diakhaté a affirmé ne pas craindre une nouvelle arrestation : « Il reste au procureur 998 mandats de dépôt pour me faire taire », a-t-il lancé, signifiant ainsi sa détermination à poursuivre son combat.