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Actualité au Sénégal

Lettre ouverte au Premier Ministre Ousmane Sonko : Refuser l’affrontement et la division, assumer la responsabilité historique

Samba DioufBy Samba Diouf11 juillet 2025Un commentaire11 Mins Read
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Par Dr Aliou Gori Diouf

Monsieur le Premier Ministre,
Permettez qu’un citoyen libre et concerné, un allié politique s’adresse à vous avec lucidité, respect et gravité.

1. Étant donné vos responsabilités primatoriales, vous ne pouvez plus être chef de camp
Depuis votre nomination à la tête du gouvernement, vous incarnez un espoir pour des millions de sénégalaises et de sénégalais : espoir de justice, de dignité, de souveraineté retrouvée. Cet espoir s’est bâti à travers votre combat d’opposant, vos sacrifices, votre résistance face à la persécution, et votre engagement à faire émerger une nouvelle vision de l’État et du pouvoir.

Mais aujourd’hui, vous n’êtes plus seulement ce chef de camp. Vous êtes devenu le Premier Ministre de tous les sénégalais, y compris ceux qui vous ont combattu hier et ceux qui vous critiquent aujourd’hui.

C’est pourquoi je me permets de vous lancer un appel : ne cédez pas à la tentation de l’affrontement.

2. La question des chroniqueurs et des dérives verbales dans les media ne se résoudra pas au prétoire mais par la concertation avec les vrais acteurs

Oui, c’est à vous que je demande de ne pas céder à l’affrontement parce que, quoi qu’on dise, il est difficile de convaincre les sénégalais que vos récentes déclarations à l’Assemblée nationale promettant de régler le compte des chroniqueurs n’ont aucun lien avec les arrestations et emprisonnements fréquents de certains d’entre eux. Le phénomène des chroniqueurs, aussi discutable soit-il, vous a aussi aidé, quoi qu’on dise, à faire entendre votre voix lorsque vous étiez dans l’opposition. Ce serait donc une erreur politique, mais surtout une faute historique, de répondre aujourd’hui par la répression.
La question des chroniqueurs et autres dérives verbales, du reste inadmissibles, ne se réglera pas au prétoire. Elle ne se résoudra ni par la prison, ni par la menace, ni par l’intimidation. Elle exige une action collective et lucide, impliquant le gouvernement, les acteurs des médias, la société civile, les autorités religieuses et coutumières etc. Oui, il faut tout ce beau monde pour faire face à un phénomène qui, s’il n’est pas traité sérieusement, menace de brûler notre tissu social. Cette concertation est plus qu’urgente, tant nous avons laissé faire.

Depuis plus de vingt ans, on a toléré que des individus sans parcours, sans vécu, sans trajectoire, sans culture historique, sans compréhension des logiques sociales qui structurent notre nation, prennent d’assaut les micros des radios et plateaux télévisés. Des personnes qui ignorent presque tout de l’histoire du Sénégal, de sa complexité, de sa diversité, ont eu le privilège insensé de s’adresser, sans filtre ni régulation, à des millions de sénégalais. C’est une hérésie démocratique et sociale à corriger d’urgence.

3. Sortir de la logique partisane pour relever les défis de la nation
Monsieur le Premier Ministre, les responsabilités qui vous incombent aujourd’hui et la gravité des défis à relever sont, de fait, incompatibles avec la posture de chef de parti, ou à tout le moins, avec toute stratégie visant une conquête électorale à court terme.
Oui, vu l’état critique du pays, vous n’avez pas, même moralement, le “droit” de vous engager dès maintenant dans une perspective électoraliste. Trouvez quelqu’un d’autre dans le parti pour le faire. Dans un Etat émergeant ou développé, vous pourriez vous permettre ce choix. Mais dans un pays où les mentalités, les comportements, les structures, les méthodes sont à profondément réformer et transformer, entreprendre de s’occuper de la mobilisation des troupes se traduira ipso facto par la réduction de votre impact positif dans l’avènement des transformations sociales, économiques, politiques attendues légitimement de vous par les populations. Cette logique partisane finirait donc inévitablement par compromettre vos promesses de rupture, de refondation et de souveraineté.

C’est d’ailleurs à ce niveau que l’on observe, dans vos discours récents, une confusion préoccupante. Une confusion qui menace les fondements mêmes de la promesse historique portée par votre engagement. Vous semblez, en effet, peiner à concilier la conduite résolue de la reddition des comptes avec la nécessité d’éviter la stigmatisation de vos adversaires et autres acteurs qui vous contredisent. Ce qui installe une ambiance de tensions et de stress populaire permanents qui nourrissent la violence verbale, qui prépare la violence physique. Or, la rupture véritable ne peut advenir dans un climat de tension permanente, de polarisation systématique et de division de la société.
Il est tout à fait possible, et même impératif, de lutter sans faiblir contre les pratiques de prédation, d’impunité et de mal-gouvernance, tout en cultivant la concorde nationale, la réconciliation, la cohésion sociale et l’unité du peuple sénégalais.
Ce qui peut être toléré chez les militants, l’excès de zèle, l’émotion, la colère, ne saurait être accepté de votre part. En tant que Premier Ministre, vous êtes tenu de vous élever au-dessus des clivages, d’être un facteur de stabilité, un liant, un artisan de la paix, un pont entre les sensibilités.
Les transformations profondes que vous incarnez exigent une gouvernance froide, rigoureuse, non complaisante, impartiale et résolument tournée vers l’intérêt supérieur de la nation. Rien de cela ne peut prospérer dans un climat d’affrontement permanent. Rien de cela ne peut aboutir si le pays reste en proie à une guerre des camps.

Monsieur le Premier Ministre, je nourris encore l’espoir que vous disposez en vous des ressources et compétences nécessaires à vous élever pour adresser ces différents défis dont vous êtes le principal responsable de leur résolution.
Concentrez-vous à remporter les véritables batailles, celles du redressement national qui ne peut être réussi dans une société où les « factions » se regardent en chiens de faïence. Si vous gagnez ces défis, vous gagnerez naturellement la confiance du peuple et d’autres élections. Et le peuple sénégalais, ne l’oublions jamais, n’est ni ingrat ni dépourvu de discernement.

4. Se concentrer sur les urgences réelles, pas sur les querelles internes

Les défis auxquels vous faites face sont immenses :
• Un héritage économique et financier asphyxiant : dette publique dépassant 119 % du PIB, déficit budgétaire supérieur à 10 %, marges de manœuvre réduites, et blocage partiel des décaissements par le FMI ;
• Une situation sociale préoccupante : montée du chômage, désespoir des jeunes, dysfonctionnements dans les secteurs clés tels que la santé, l’éducation, l’agriculture, l’élevage et la pêche ;
• Des menaces sécuritaires croissantes, des tensions géopolitiques régionales, et des urgences climatiques et environnementales de plus en plus complexes.
Dans ce contexte, vos responsabilités sont écrasantes. Mais, le jeudi 10 juillet 2025, vous avez choisi, tel que vous le faisiez en étant opposant, de pointer du doigt des catégories d’acteurs, dont et de façon surprenante, le Président de la République, puis la société civile, les médias, les magistrats, comme autant d’obstacles à votre action.
5. Le système politique et la culture politique sénégalais vous obligent d’écouter et d’intégrer les opinions et même les critiques les plus acerbes des catégories d’acteurs.
Je me permets de tempérer l’idée que ces catégories d’acteurs publics, qui selon vos propos « n’ont pas accepté de « se salir » politiquement, chercheraient aujourd’hui à vous imposer un partage du pouvoir ». Cette interprétation me semble inexacte. Et vous donnez là le sentiment d’une rupture dangereuse avec l’un des piliers essentiels de toute démocratie, à savoir la société civile.
Dans le système démocratique sénégalais, le fait de gagner une élection ne constitue pas une fin en soi ; c’est une porte qui vous est ouverte pour gérer les affaires publiques, donc les affaires de tous les citoyens, y compris ceux qui vous soutiennent et ceux qui s’opposent à vous. Sous ce rapport, la gouvernance publique relève de la responsabilité de tous les citoyens. À ce titre, chaque acteur dispose sur vous d’un droit légitime de regard et d’opinion sur les décisions et actions gouvernementales et d’écoute de votre part.
Ainsi, ces citoyens ou organisations n’entendent pas usurper le pouvoir, mais souhaitent contribuer de manière constructive à la mise en œuvre des politiques publiques. Il ne s’agit donc pas d’un désir de co-gestion, mais d’une aspiration à un dialogue démocratique, transparent et partagé.

6. Le PASTEF doit éviter au peuple sénégalais le douloureux syndrome Senghor-Dia
Vos sorties faites lorsque le Président est en déplacement alimentent l’image d’une rivalité larvée. Votre dernière sortie, vivement commentée, soulève une préoccupation grandissante. Reprocher au président de la République de ne pas sanctionner ceux qui vous critiquent, alors que ceux qui l’ont attaqué ont été arrêtés, n’est pas un grief politique légitime, encore moins suffisant pour justifier une telle charge publique, d’autant plus qu’elle s’appuie sur des interprétations personnelles de joutes verbales parfois déclenchées par les responsables et militants du parti.
Cette dernière sortie laisse penser que vous réclamez un traitement équivalent à celui du Chef de l’État. Mais en République, le statut de Premier Ministre n’équivaut pas à celui du Président de la République. Toutefois, les attaques gratuites et méchantes contre votre personne doivent cesser et il existe des mécanismes pour les arrêter. Ni le Chef de l’Etat ni vous, pris séparément, ne pouvez mettre un terme à cela, au risque d’installer le pays dans une atmosphère de répression dont vous avez-vous-mêmes trop souffert.
Votre attitude nourrit des tensions internes au sein de PASTEF, exposant dangereusement l’unité nationale. Cette stratégie ne fait que fragiliser la cohésion interne du parti, exposant le pays à une crise politique inutile. Si PASTEF n’a pas réussi à résoudre cette divergence en interne, il s’agit là d’un échec de gouvernance, non d’un argument pour livrer le débat sur la place publique. Car les militants et encore moins les citoyens n’y parviendront à votre place. Les formations politiques qui ont exercé le pouvoir avant vous, depuis 1962, ont compris une chose : les conflits internes ne doivent jamais être étalés sur la place publique. Car lorsque cela arrive, c’est le peuple entier qui en paie le prix. Si vous échouez à résoudre le différend avec le Président de la République, vous exposez le peuple entier à des bouleversements que les souffrances socio-économiques qu’il endure déjà ne sauraient tolérer. Le PASTEF, en tant que parti ayant toujours porté le discours de refondation, de rupture et de souveraineté doit être capable de gérer ses contradictions sans les projeter sur la société.
Aujourd’hui, vous avez mis en accusation successivement le Président de la République, les magistrats, les journalistes, la société civile. Aucun de ces acteurs, en dehors du Chef de l’Etat, n’a pourtant le pouvoir de vous bloquer. Ils ont juste en commun de vous contredire, pas de vous empêcher d’agir. Vous disposez de leviers solides : jamais depuis Mamadou Dia un Premier Ministre n’a eu autant de pouvoirs. Le Président l’a dit clairement, il veut que vous soyez un Premier Ministre fort. Prétendre le contraire, c’est conforter l’idée brandie par l’opposition que vous fuyez vos responsabilités ou que vous cherchez des boucs émissaires.

7. Monsieur le Premier Ministre, rassemblez !
En vérité, vos sorties répétées donnent l’image d’un Premier Ministre en quête de revanche, qui veut faire taire toutes les voix discordantes. La référence au Parti communiste chinois ne saurait être anodine. Oui pour le benchmarking, mais ce qui fonctionne en Chine ne saurait être reproduit au Sénégal, une démocratie vivante et pluraliste.

Vous n’avez pas le droit d’accentuer les divisions dans la société sénégalaise. Votre mission est de renforcer la cohésion, de restaurer la confiance, de faire nation. En désignant vos contradicteurs comme adversaires, vous risquez d’induire vos partisans en erreur, en les poussant à cibler ceux qui expriment des critiques ou formulent des réserves à votre endroit. Cela ne fait qu’empoisonner une atmosphère déjà lourde, marquée par la méfiance, la stigmatisation, la rancune et même la haine.

8. Une exigence d’histoire
Nous avons voté pour vous non pour prolonger les logiques de règlements de comptes, mais pour tourner une page de notre histoire politique. Vous incarnez une génération appelée à guérir les blessures, à dépasser les fractures, à ouvrir un nouvel horizon national.

Monsieur le Premier Ministre, ne vous trompez pas d’adversaires. Ne vous laissez pas détourner par les injonctions du passé. Ne répondez pas aux provocations, même injustes. Restez fidèle à la promesse d’un Sénégal debout, digne, souverain. Si vous cédez à l’affrontement, vous serez le plus grand perdant. Mais si vous tenez votre cap, vous serez l’un des rares à avoir su transformer la colère en espérance, et l’opposition en gouvernance éclairée.

Dans cette voie exigeante mais salutaire, vous trouverez non seulement la grandeur, mais la postérité.

Veuillez agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de ma haute considération.

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Samba Diouf
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Un commentaire

  1. DIOP on 13 juillet 2025 1:55 pm

    Il ne pèse pas l’enjeu, en jouant et en figurant lui meme comme le maillon faible du projet…tant vendu aux sénégalais..De plus il accepte de jouer le jeu des ‘adversaires’ KULUNA, qui ne cherchent qu’à déstabiliser le duo..

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