Dakarmidi – Voilà plus de trois décennies que je connais Abdou Aziz Mbaye, chanteur émérite qui évolue dans la confrérie Tidiane, dont le fief principal se trouve à Tivaouane, ville sainte qui a vu naître des générations de saints et de savants. L’islam confrérique est très répandu au Sénégal, avec des segments divers et variés, qui reflètent la richesse et la diversité de la spiritualité sénégalaise. Outre le sanctuaire de Tivaouane, on note le mouridisme à Touba, les Layennes dans la région du Cap-Vert, les Niassenes à Kaolack, le Khadriya à Ndiassane, pour ne citer que ceux-là. Quatre-vingt-quinze pour cent de la population sénégalaise sont répartis dans ces différentes confréries, et chacune d’elles, à sa façon spécifique de glorifier l’islam et de faire les louanges du prophète Mohamed PSL Amine, dans un abîme de spiritualité et de dévotion.
Abdou Aziz Mbaye, dès sa tendre enfance, a donc opté pour la confrérie, respectant en cela son héritage familial et les traditions de ses ancêtres. Entré à l’école coranique, il ne tarda pas à gravir toutes les étapes du difficile apprentissage du Coran, sous la direction de maîtres émérites qui lui ont transmis la science et la sagesse. Intelligent, plein d’entrain et d’allégresse, il emmagasina dans sa tête tout le saint Coran, à la grande satisfaction de ses parents et de ses maîtres. Doté d’une voix de rossignol, il s’orienta dans les chants religieux et au fil du temps, en devint un maître incontesté, capable de faire vibrer les cœurs et de transporter les âmes vers les hauteurs de la spiritualité.
Avec la prolifération des cérémonies religieuses, il parcourut les quatre coins du pays, pour animer ces soirées de dévotion et de prière, qui rassemblent les fidèles autour de la parole de Dieu et de la mémoire du prophète. Très apprécié par ses compatriotes, il jouit au Sénégal d’une très grande réputation, qui fait de lui une véritable icône incontournable dans le domaine du chant religieux.
Sa réputation est telle que maintenant, en Europe et partout dans le monde, les Sénégalais expatriés jettent leur dévolu sur lui, pour animer leurs soirées religieuses et les transporter vers les rivages de la nostalgie et de la foi. Avec son âge un peu avancé, sa jeune voix de rossignol s’est muée en voix de bronze douce, belle et immuable comme la vie, qui continue de résonner dans les cœurs et les âmes, comme un écho de la beauté et de la grandeur de la création.
Ses chansons, dans la langue arabe, sont tirées des œuvres littéraires du grand maître du sanctuaire de Tivaouane, Cheikh Seydi El Hadj Malick Sy RTA, et des autres moukhadams de sa confrérie d’appartenance, qui ont consacré leur vie à la recherche de la vérité et à la diffusion de la parole de Dieu.
Le tidianisme, confrérie fondée par Aboul Abbas Ahmeda Tijane Chérif, né à Aïn Makhdi en Algérie entre 1737 et 1738, petit-fils du prophète Mohamed PSL, a été introduite au Sénégal il y a environ plus de deux siècles. L’un des précurseurs est Cheikh Oumar Foutyou Taal, un célèbre fils du Fouta Toro, qui a joué un rôle important dans la diffusion de l’islam et de la confrérie Tidiane au Sénégal.
Qu’il vive longtemps, de sa belle voix qui insinue dans nos veines fragiles, le sang de la vigueur et de l’espérance, à des lendemains meilleurs, par la grâce de Taha l’intercesseur PSL Amine, qui a dit : « La voix du muezzin est la plus belle musique pour les oreilles des croyants ».
Doyen Majib Sène
