Mon pays le Sénégal est à un tournant historique. Alors que nous célébrons notre entrée dans le cercle très fermé des producteurs de gaz et de pétrole en Afrique, l’euphorie économique est minée par une sourde crise politique au sommet de l’État.
Le tandem qui a incarné le changement – le Président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre, l’omniprésent Ousmane Sonko est aujourd’hui le théâtre d’une lutte d’autorité qui menace de paralyser la nation.
Le Spectre du « Mentor »
Ousmane Sonko, leader charismatique de la coalition au pouvoir, semble avoir du mal à endosser le costume de Premier ministre. Jugeant l’action présidentielle trop mesurée, il multiplie les sorties publiques au ton martial. Ces critiques sont vues comme une tentative d’accélérer les réformes radicales promises et, surtout, de maintenir sa base militante mobilisée en vue de sa candidature en 2029.
Le Téra meeting du 8 Novembre en est l’illustration.
Face à lui, le Président Diomaye Faye s’efforce d’incarner la stabilité et l’apaisement. Il cherche à asseoir son autorité institutionnelle, conscient que l’État ne peut être dirigé par une double tête.
Le dilemme est clair , cette crise d’ego ou d’autorité met en péril l’unité
gouvernementale et risque de faire passer au second plan la véritable urgence : la crise économique avec ce bras de fer avec le FMI suite à la crise de la dette qui polarise toute la citée , et la gestion imminente des milliards issus des recettes du gaz et du pétrole .
Le Sénégal vient de lancer l’exploitation des gisements de (Sangomar) et de gaz (GTA). Ces revenus devraient propulser la croissance au-delà de 8 %, offrant une bouffée d’oxygène pour lutter contre la vie chère et le chômage des jeunes.
Mais cette manne financière est une épée à double tranchant. L’histoire africaine regorge d’exemples de pays où la découverte de ressources naturelles a conduit au « Syndrome Hollandais » : une corruption accrue, un affaiblissement de la démocratie et le déclin des autres secteurs productifs (agriculture, pêche).
Le salut notre pays, résidera dans la transparence avec laquelle le gouvernement auditera les contrats passés et gérera le futur fonds souverain. Une gouvernance rigoureuse est le seul rempart contre la malédiction des ressources.
Le Sénégal , l’un des rares pays à ne pas connaître de coup d’état en Afrique,est à la croisée des chemins. Nous avons l’opportunité de devenir un modèle de développement stable en Afrique de l’Ouest. Mais pour cela, le tandem Faye-Sonko doit rapidement dépasser ses querelles de leadership.
Si la crise politique persiste, la médiocrité de la gouvernance pourrait gâcher la chance historique offerte par le pétrole et le gaz plongeant le pays dans un cycle d’instabilité et de déception sociale. L’heure n’est plus à la critique mutuelle, mais à l’action unie face à l’urgence.
Athieu : Niou liguey teh bayi khoulo bi ack mbathio bi, l’espoir de la jeunesse est immense, ne la trahissons pas..!
Dakar le 13/11/2025
Sall Lamtoro
