Il s’agit bien d’un conflit entre une autorité déconcentrée (le préfet) et une autorité décentralisée (le maire), et cet incident met en lumière les tensions qui peuvent exister entre ces deux niveaux de pouvoir.
La Déconcentration et le Préfet :
– La déconcentration est un mode d’organisation administrative où l’État délègue des pouvoirs de décision à ses représentants locaux.
– Le préfet est le représentant de l’État dans son département. Son rôle est de faire appliquer la politique du gouvernement, d’assurer le maintien de l’ordre public, de contrôler la légalité des actes des collectivités territoriales, et de coordonner l’action des services de l’État.
– Il est donc sous l’autorité directe du pouvoir central.
La Décentralisation et le Maire :
– La décentralisation, en revanche, est un processus par lequel l’État transfère des compétences à des personnes morales de droit public distinctes de lui, comme les communes, qui sont élus Le maire, à la tête de la commune, est une autorité élue par les citoyens.
– Il gère les affaires locales de manière autonome, dans le respect des lois.
– Il n’est pas subordonné au préfet dans l’exercice de ses compétences propres.
Un véritable Conflit :
L’incident où le préfet a demandé au maire de « dégager » est inadmissible, c’est un exemple frappant de cette tension.
Si le préfet est le garant de l’ordre public et peut prendre des mesures pour le maintenir, il ne peut pas, dans le cadre normal de ses fonctions, donner d’ordre à un maire élu concernant la gestion de sa commune ou sa présence lors d’une manifestation. Le Préfet exerce un contrôle de légalité à posteriori.
Le maire, en tant qu’élu, a la légitimité à être sur le terrain, aux côtés de ses administrés.
Ce type de conflit soulève la question de l’équilibre des pouvoirs.
D’un côté, il y a la nécessité pour l’État de s’assurer que les lois sont respectées et que l’ordre public est maintenu (rôle du préfet).
De l’autre, il y a le principe de la libre administration des collectivités territoriales, qui confère une légitimité démocratique au maire.
En dehors de cette considération, le Préfet doit un respect à toutes les autorités élues.
Dans un tel cas, le Préfet peut contrôler la légalité des décisions du maire, mais ne peut pas se substituer à lui ni l’humilier publiquement.
De son côté, le Maire doit respecter les compétences de l’État, représenté par le préfet.
Cette situation est inadmissible et semble aller au-delà de cette relation de respect mutuel et met en lumière les limites de la coexistence de ces deux autorités.
Il serait important dans les mois à venir à affecter le Préfet dans un autre département pour vider ce différend.
N’oublions pas que les élections locales approchent et le Préfet participe activement à l’organisation de ces élections.
Avec toute ma gratitude et ma reconnaissance.
Dr. Mohamed Diallo
Ancien Ministre,
Communiquant, Spécialisé en Communication de Crise