La parole de l’autorité a un effet puissant : elle influence, oriente, mobilise et peut même devenir un mot d’ordre repris par tous. C’est pourquoi nous devons prendre conscience que nombre de nos problèmes, dans leur complexité, proviennent d’abord des paroles et des mots de nos dirigeants.
Comment espérer une justice juste et sereine lorsque d’autres institutions de la République elles-mêmes n’accordent pas leur confiance à l’Institution judiciaire ? Le discours du ministre sortant de la Justice, prononcé à l’Assemblée nationale, en a été une illustration saisissante : un aveu qui a mis à nu la profondeur du malaise et révélé les intentions de l’exécutif. Même si l’on peut saluer sa posture de sincérité, son limogeage était inévitable : car ce qui a été dit, dans un tel lieu et devant la Nation, résonnait déjà comme une démission, entérinée ensuite par sa révocation.
Les discours successifs du Président de la République, du Président de l’Assemblée nationale, du Premier ministre et de l’actuelle ministre de la Justice laissent craindre une confrontation ouverte avec le pouvoir judiciaire. Tout indique que le pays s’avance vers un bras de fer dangereux entre le parquet et les magistrats du siège.
J’alerte solennellement : un tel conflit, s’il se confirmait, risquerait de balafrer notre démocratie, de décourager les investisseurs, de retarder le fonctionnement normal de la justice, mais aussi d’accentuer les divisions, de nourrir la haine et d’introduire la politique dans le prétoire.
C’est pourquoi je renouvelle ma proposition : la mise en place d’une commission nationale indépendante, chargée de rechercher une solution apaisée et consensuelle, permettant à la justice de rendre justice – pleinement, équitablement, et dans le respect des équilibres républicains.
Le temps n’est plus aux réactions à chaud, aux émotions partisanes ou aux revanches politiques. Le temps est venu de l’analyse lucide et de la décision responsable, afin de préserver notre démocratie et de rétablir la confiance entre les institutions de la République.
Ministre Thierno LO
Un Républicain libre