Dakar, 18 juin 2025 – Malgré une législation claire criminalisant les mutilations génitales féminines (MGF), cette pratique persiste dans plusieurs régions du Sénégal, compromettant les droits fondamentaux, la santé et l’avenir des filles et des femmes.
Conscients de l’urgence d’une réponse plus efficace, l’Association des Femmes Juristes du Sénégal (AJS), en partenariat avec des procureurs, travailleurs sociaux, acteurs communautaires et représentants du ministère de la Justice, a organisé un atelier de formation et de concertation sur la mise en œuvre et l’application de la loi interdisant les MGF.
L’objectif de cette rencontre était double : renforcer les capacités des acteurs judiciaires et sociaux sur le cadre juridique relatif aux MGF, et favoriser une meilleure synergie entre les institutions pour lutter contre l’impunité.
Adoptée en 1999, la loi sénégalaise criminalisant les MGF prévoit des peines allant jusqu’à cinq ans de prison pour les auteurs et complices. Pourtant, les poursuites judiciaires restent rares, souvent freinées par le silence des communautés, la peur des représailles ou la méconnaissance des textes.
« Nous devons briser l’omerta et faire en sorte que la loi soit appliquée avec rigueur. La protection des filles est un devoir national », a déclaré une représentante de l’AJS.
Lors de l’atelier, plusieurs intervenants ont insisté sur l’importance de travailler avec les leaders religieux et traditionnels, d’intensifier la sensibilisation dans les zones rurales, et de renforcer les programmes d’éducation sur les droits humains et la santé reproductive.
Le rôle de la justice a également été au centre des débats. Les procureurs présents ont appelé à une meilleure formation des acteurs de terrain, et à une collaboration renforcée avec les services de santé pour détecter et signaler les cas.
Cet atelier marque une nouvelle étape dans la lutte contre les mutilations génitales féminines au Sénégal. Il s’inscrit dans une volonté collective de faire de la tolérance zéro une réalité, et de garantir aux filles un avenir libéré des pratiques traditionnelles néfastes.
Les participantes ont clôturé la session par un appel fort à l’action : mobiliser la justice, la société civile et les communautés pour faire reculer, définitivement, les MGF au Sénégal.