Ce lundi 6 octobre 2025, la nouvelle Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Mme Yacine Fall, a effectué sa première visite officielle à la Maison d’arrêt de Rebeuss. Elle était accompagnée de plusieurs autorités judiciaires et de responsables de l’administration pénitentiaire.
Prenant la parole à l’issue de la visite, Mme Yacine Fall a d’abord exprimé sa profonde gratitude envers les autorités pénitentiaires, le directeur général et l’ensemble du personnel de Rebeuss, saluant « leur engagement quotidien malgré des conditions particulièrement difficiles ».
« J’ai effectué une visite guidée à la Maison d’arrêt de Rebeuss. Le Président de la République, M. Bassirou Diomaye Faye, et le Premier ministre, M. Ousmane Sonko, suivent de près la réalité préoccupante de la surpopulation carcérale dans cet établissement. Rebeuss, conçue pour accueillir au maximum 800 détenus, en héberge aujourd’hui plus de 3 000. Cette situation constitue une atteinte à la dignité humaine et un frein à l’efficacité de notre politique pénale », a déclaré la ministre.
Mme Fall a rappelé que cette situation alarmante « a été régulièrement documentée par plusieurs organes de contrôle de l’administration, tels que l’Inspection générale de la justice et l’Autorité indépendante de contrôle des lieux de privation de liberté », soulignant que tous ont dénoncé les effets délétères de cette surpopulation chronique.
La Garde des Sceaux a tenu à rassurer les détenus sur la volonté de l’État d’améliorer leurs conditions de détention, précisant qu’il ne s’agit « pas d’une question de confort, mais d’un impératif de justice, d’humanité et de respect des engagements internationaux ».
« Il faut avoir le courage, la responsabilité et la lucidité de le dire : la situation actuelle est aussi la conséquence d’une inaction prolongée », a-t-elle ajouté avec fermeté.
Mme Fall a rappelé qu’aucune nouvelle prison n’a été construite depuis l’indépendance, alors même que la population carcérale ne cesse d’augmenter. Elle a également évoqué l’échec du programme de modernisation des infrastructures judiciaires (PROMIJ), qui prévoyait la construction d’un établissement pénitentiaire de 2 500 places, mais qui « s’est transformé en un véritable scandale de prévarication sur fonds publics ».
Face à ce constat, la Ministre de la Justice a annoncé une série de mesures concrètes destinées à apporter des solutions à la fois structurelles et conjoncturelles :
L’élargissement du recours aux alternatives à la détention, telles que la médiation pénale, le travail d’intérêt général ou le port du bracelet électronique, notamment pour les délits mineurs ;
L’aménagement systématique des peines, en particulier pour les détenus malades, âgés ou en fin de peine ;
L’activation de la procédure de grâce présidentielle, dans le respect des principes d’équité et de justice, pour désengorger les établissements pénitentiaires ;
La relance effective du programme de construction d’un nouvel établissement pénitentiaire moderne, fondé sur un cahier des charges rigoureux et transparent.
« Nous devons sortir d’une logique purement répressive pour entrer dans une ère de justice restauratrice et de réinsertion. C’est un devoir moral, une obligation juridique, mais aussi un signal fort envoyé aux Sénégalais et à la communauté internationale », a affirmé Mme Fall.
La ministre a toutefois tenu à rappeler que la fermeté de la justice reste une exigence :
« Si la justice doit être humaine et réparatrice, elle doit aussi demeurer ferme face aux crimes de sang, aux atteintes graves à la vie ou à l’intégrité physique, ainsi qu’aux actes de prévarication sur les deniers publics. La répression sera pleine et entière pour tous ceux qui bafouent les principes de probité et de sécurité qui fondent notre pacte républicain. »
En conclusion, Mme Yacine Fall a lancé un message porteur d’espoir :
« La prison ne doit plus être un lieu de désespoir, mais un espace de réinsertion, d’espoir et de deuxième chance. »