Face à une crise agricole profonde ou les paysans qui nourrissent l’essentiel des populations, sont marginalisées, les systèmes agricoles traditionnels, respectueux de l’environnement abandonnés au profit d’un modèle industriel imposé par des intérêts extérieurs, les jeunes, faute de perspectives, quittant les campagnes pour les grandes villes, aggravant le dépeuplement rural et le chômage urbain.
Face à ces défis multiples, l’Agroécologie paysanne s’imposant comme une réponse concrète et résiliente. Menaçant l’école du climat, de la santé et de l’espoir, des jeunes d’Afrique de l’Ouest, de l’Est et du Bassin du Congo, venu-e-s du Burkina Faso, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, du Gabon, du Mali, du Niger, du Sénégal et de la Tanzanie, paysans militantes de la société civile, activistes panafricanistes, sommes réunies en marge du Forum Social Quest Africain de Dakar, ont lancé ce 28juin 2025, le mouvement » KILIMO EKOLOJIA « (une phrase en swahili qui signifie les jeunes dans l’agroécologie), affirmé par la présente déclaration d’une volonté collective de porter un mouvement interrégional, panafricain et résolument engagé pour la souveraineté alimentaire de notre continent.
A travers ce mouvement, proclamons avec force et détermination que l’agroécologie paysanne est bien plus qu’une alternative: elle est une nécessité, un acte de résistance et un chemin vers la justice climatique, sociale et alimentaire.
Ainsi, l’agroécologie paysanne, qui est un levier couvrant 15 des Objectifs de Développement Durable, est avant tout:
le respect des sols, des êtres vivants, des écosystèmes;
la mémoire vivante de la Terre, la clé de notre indépendance;
la préservation de la biodiversité et des semences paysannes;
la valorisation des savoirs locaux et des pratiques ancestrales;
l’accès à la terre et aux ressources pour toutes et tous;
la restauration des microorganismes des sols, des plantes, des animaux,
favorisant une alimentation saine, locale et accessible aux communautés;
la défense des droits des paysans et des communautés rurales contre les accaparements de terres et leurs exploitations », Nous dit Larissa Yabo, Directrice exécutive JVE Côte d’Ivoire
Selon M.Yabo le retour vers des systèmes alimentaires locaux et diversifiés est essentiel en harmonie avec la nature.
Pour celà, il est primordial que:
la conjonction de la diversité culturelle, linguistique, alimentaire pour garantir la nourrir du monde sans détruire la terre.
À cet effet, le mouvement EKOLOJIA dénonce:
les politiques publiques qui favorisent à grande échelle l’installation des multinationales de l’agro-industrie dans le continent africain;
⚫ l’essor des semences hybrides et OGM au détriment des bio-intrants;
la marginalisation des jeunes dans les politiques agricoles;
⚫ la dépendance croissante aux intrants chimiques synthétisés qui entraînent une monopolisation par les entreprises et détruisent davantage les sols;
⚫la perte de la biodiversité et l’évolution extrême des changements climatiques
⚫ la transformation de l’Afrique en poubelle des produits chimiques dangereux du monde;
l’exploitation abusive des ressources naturelles, la destruction écologique et le vol des savoirs autochtones.
Et et revendiqe:
une reconnaissance officielle de l’agroécologie paysanne et sa mise en œuvre comme pilier central des politiques agricoles nationales, régionales et continentales;
un accès sécurisé dans le sens des intérêts des communautés à la terre, à l’eau, aux semences paysannes et aux marchés locaux pour les jeunes en milieu rural et urbain;
un soutien multiforme aux initiatives de formation, de recherche et d’innovation portées par les jeunes en agroécologie paysanne;
une fin des accords de libre-échange qui détruisent nos agricultures paysannes
une intégration pleine et entière des jeunes dans les espaces de décision agricole, climatique et foncière;
une diversité dans les systèmes alimentaires, semenciers et dans l’économie circulaire;
un retour aux pratiques endogènes remplacées par l’agriculture dite « conventionnelle » qui montre ses échecs:
la liberté de partage, d’échange, de circulation, de reproduction des semences paysannes
Par ailleurs, nous nous engageons à:
placer les jeunes et les paysan.e.s africain-e-s au centre de la souveraineté alimentaire;
faire le choix de l’agroécologie paysanne comme système de vie, de résistance, de production et de transmission des savoirs endogénes;
construire un mouvement structuré, solidaire et autonome, fondé sur une gouvernance horizontale, de co-responsabilité, d’équité, d’inclusion et de transparence;
co-élaborer des politiques publiques agricoles et climatiques, conçues avec et pour les jeunes;
⚫défendre la justice sociale, la justice climatique et la dignité des travailleur-se-s de la terre;
promouvoir la protection et la pratique de la diversité biologique, culturelle, économique, politique et des savoirs endogènes.
Nous appelons donc à une solidarité et une mobilisation collective pour:
soutenir les luttes paysannes et les mouvements sociaux pour la souveraineté alimentaire;
exiger des politiques agricoles justes, respectueuses de la biodiversité, de l’environnement et des pratiques endogènes communautaires;
sécuriser les terres en faveur des communautés pratiquant l’agroécologie paysanne;
former et accompagner les jeunes dans des pratiques agricoles écologiques et durables;
construire des circuits courts hors du contrôle des grandes entreprises.
Ce mouvement est notre maison commune, notre force collective et notre réponse politique à l’urgence de bâtir une Afrique souveraine.
