Les Forces spéciales guinéennes ont affirmé, ce dimanche 5 septembre, avoir capturé le président Alpha Condé et « dissous » les institutions de la République, après de violents tirs nourris d’armes automatiques, qui ont retenti dans le centre de Conakry. Le pays plonge ainsi dans une incertitude constitutionnelle. La troisième du genre.
Dans une vidéo largement partagée, le lieutenant-colonel Mamady Doumbia a annoncé, ce dimanche, l’arrestation du président Alpha Condé ainsi que d’autres mesures comme la dissolution de la Constitution et la fermeture des frontières.
Mais, en regardant dans le rétroviseur, l’on se rend compte que cette situation n’est pas nouvelle dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest pauvre, malgré ses ressources hydrologiques et minières.
En effet, depuis son indépendance en 1958, la Guinée est soumise au fléau des régimes autoritaires et des coups d’État. Le premier putsch remonte à 1985, sous le régime du colonel Lansana Conté – qui avait commencé son mandat le 3 avril 1984 et l’a terminé le 22 décembre 2008 – date de son décès. La tentative de prise du pouvoir par le colonel Diarra Traoré a finalement échoué.
À rappeler que c’est dans la nuit du 4 au 5 juillet 1985 que des pillages et des troubles ethniques ont été signalés à Conakry, alors que le président Lansana Conté se trouvait à Lomé où il prenait part, avec quelques membres de son gouvernement, en tant que président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) au sommet de ladite organisation. Pendant son absence, les putschistes ont été arrêtés, alors que le cerveau, le colonel Diarra Traoré, était en fuite.
Après le décès de Lansana Conté en 2008, la Guinée a connu un autre coup d’État, plus précisément en décembre de la même année. Il porte la signature de Moussa Dadis Camara.
L’intervention des militaires interrompit le processus constitutionnel, qui devait voir Aboubacar Somparé assurer l’intérim. Le capitaine Moussa Dadis Camara, à la tête du Conseil national pour la démocratie et le développement, s’autoproclama ainsi président de la République de Guinée.
Ce coup d’État entraîna la suspension du pays au sein de l’Union africaine et prit fin avec l’investiture du premier président de la République élu démocratiquement depuis l’indépendance du pays en 1958, Alpha Condé.
