(Lanouvelletribune) – Depuis plusieurs jours, l’attribution d’un marché d’électrification rurale à l’entreprise AEE Power EPC met en lumière une confrontation inédite entre le député Thierno Alassane Sall (TAS) et le directeur général de l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (ASER), Jean Michel Sène. Le différend porte sur les conditions de passation de ce marché, notamment les garanties financières apportées par la SONAC, ainsi que l’usage supposé déviant de l’avance de démarrage. Selon TAS, l’octroi de cette garantie aurait manqué de rigueur et violé les principes de transparence, évoquant même l’existence d’une « invention récente » pour justifier des procédures non conformes. Il estime également qu’une meilleure utilisation de ces fonds aurait permis de couvrir des postes essentiels comme les primes du personnel.
Riposte technique et institutionnelle
Face à ces accusations, le ministère des Finances avait déjà, le 17 juin, publié une mise au point défendant la régularité du processus. Il a rappelé que les garanties litigieuses respectent les dispositions du code CIMA, reconnu comme cadre légal de référence pour les marchés d’assurance en Afrique de l’Ouest. Deux jours plus tard, Jean Michel Sène a choisi de s’exprimer en direct sur les réseaux sociaux, réfutant en détail les allégations de TAS. Selon lui, l’appel d’offres a suivi les règles du Code des marchés publics et les paiements d’assurance ont été effectués dans les délais impartis, avec une couverture effective et conforme à la législation. Sène, tout en maintenant une ligne technique, a invité Thierno Alassane Sall à un débat public, invitation restée sans suite. Depuis, les deux protagonistes poursuivent leurs échanges par voie médiatique, chacun s’adressant à l’opinion sans confrontation directe.
Derrière le contrat, un affrontement politique
Cette affaire dépasse largement les enjeux d’un simple dossier administratif. Elle met en relief la posture de TAS, connu pour ses prises de position tranchées contre les mécanismes opaques dans la gestion des ressources publiques, et qui multiplie les critiques envers le nouveau gouvernement. Pour l’ASER, il s’agit de préserver une réputation d’efficacité dans un secteur sensible. Cette tension reflète également une rupture plus large entre anciens acteurs du pouvoir et nouvelles figures du système administratif, où chaque prise de parole devient un levier politique.
Ce face-à-face pourrait redéfinir les règles du jeu dans la gouvernance des contrats publics. D’un côté, une demande de plus de transparence et d’imputabilité portée par une partie de l’opinion et des parlementaires ; de l’autre, une administration en quête de légitimité dans un contexte de changement. Reste à voir si cette séquence débouchera sur une réforme des mécanismes de contrôle des garanties publiques ou si elle demeurera un épisode de joutes verbales sans suites concrètes.