L’annonce par Grande Côte Opérations (GCO) de la distribution de dividendes pour l’exercice 2024 marque un tournant stratégique dans la gouvernance des ressources minières au Sénégal. Derrière cette décision se cache un travail de négociation acharné de la Société des Mines du Sénégal (SOMISEN), bras armé de l’État actionnaire.
Du report à nouveau à la distribution obligée
GCO, exploitant les sables minéralisés de Thiès, a réalisé un bénéfice net de 14,4 milliards de FCFA. Son conseil d’administration proposait initialement d’affecter l’intégralité de ce résultat en « report à nouveau », une pratique courante qui reporte indéfiniment la rémunération des actionnaires. En utilisant son influence et avec l’appui du ministère des Finances, la SOMISEN a forcé le report de l’assemblée générale du 25 juin pour rouvrir le dossier.
Une victoire stratégique et symbolique
Le 29 août, après des négociations conduites par sa Directrice générale, Me Ngane Demba Touré, une résolution est adoptée : 5 milliards de FCFA seront distribués. L’État, actionnaire à 10%, perçoit 500 millions bruts (450 nets). Le mécanisme clé réside dans la perception de l’Impôt sur le revenu des valeurs mobilières (IRVM) sur l’ensemble des dividendes distribués. Cet impôt, ajouté au dividende net, porte la recette totale de l’État à près d’un milliard de FCFA
Vers une institutionalisation du suivi
Au-delà du gain financier, cet événement consacre l’efficacité des nouveaux mécanismes de coordination de la SOMISEN. Il établit un précédent crucial pour un partenariat minier plus équilibré et ouvre la voie à une institutionnalisation du suivi des performances financières des sociétés minières, garantissant que l’État perçoive sa juste part de la rente minière. Avec ce milliard, les revenus totaux générés par la SOMISEN atteignent 72 milliards de FCFA, renforçant sa légitimité.