Dakarmidi – Cher frère et ami,
J’étais hors du territoire national quand j’ai appris la triste nouvelle du rappel à Dieu de ton fils aîné, notre fils, Serigne Saliou Amar. Je peux d’ores et déjà comprendre tout le mal que ton coeur ressent, éveillé par un sentiment de douleur et de tristesse.
En tant qu’ami, je ressens aussi profondément le chagrin qui doit hanter tes nuits, appauvrir tes journées et alanguir ton corps. Même si tu es dans l’obligation d’héberger la douleur dans ton cœur, dans ta foi et dans tes artères, le temps te débarrassera tôt ou tard de ce fardeau et de cette solitude vernie de désespoir.
En ces périodes de vide, loin du signe impavide, tu ne peux nier ni refouler les affres qui ont pris part au séminaire de ta conscience. Et avec le temps, tu seras obligé de renoncer au deuil et d’accueillir les bras ouverts l’exaltation, même si elle porte en son sein, des balafres, témoin est cette vie empreinte de mystères et en perpétuelle révolution.
Cher frère, tout le Sénégal pleure avec toi Serigne Saliou Amar, même si tu es le seul à remonter le temps, le coeur ouvert avec une telle précision chirurgicale et à faire parler les merveilleux instants de sa naissance, ou encore à retracer avec exactitude son premier cri sur terre qui avait déclenché ta larme de joie, ton sourire de réjouissance et ton regard d’être accompli.
Aujourd’hui, avec sa disparition, seul un voile vous sépare, et du côté où il se trouve, il se prépare à sa nouvelle incarnation, telle une âme en pérégrination, c’est de cette position qu’il comprendra l’amour pur que vous lui vouiez, ou encore comprendre que son coeur est aussi fendu, évaluant de nouveau son sentiment, celui qu’il vous doit, qu’il n’a pas entièrement livré, et qu’il vous livrera une fois dans l’appareil de sa nouvelle incarnation.
En dépit de l’apparence, la mort est une tragédie compilée dans l’œuvre de la destinée, une mise en œuvre de l’âme face à ses missions et de la progression face à l’évolution. Sans perspective, ton fils aura fait son ascension à la fleur de l’âge, sonné par l’irréfragabilité de la décision divine, alors, garde frais son regard altruiste qu’il te jetait à chaque fois qu’il était dans ses habits d’homme égaré.
La tragédie t’a fait part de ses sentiments amers mais loin de la courtiser, rattache-toi à la foi, cher ami, fais don à l’acuité et à l’endurance, laisse couler ta chair, sans crainte d’avoir à craindre le mal qui sommeille dans les rives de l’affliction. Il est aujourd’hui allé se rapprocher de Dieu, qui a décidé qu’il en soit ainsi, comme s’il avait décidé de te le priver, hors, sa mort vous a rapprochés, vos sentiments d’amour sont solidifiés et ta souffrance se rétrécit, à l’image de ce nylon posé sur un feu évanescent.
De Dieu nous venons, à Dieu nous retournerons. Alors cher ami et frère, réévalue le sens de la mort, en une transition vers l’au-delà, fais progresser ta conscience et reste dans l’exaltation.
Que les grains de sable parfumés par les rayons de celui qui a traversé seul le Lotus des confins sous invitation divine et sous escorte des anges, soient doux avec lui, que son suaire reste intact jusqu’au jour du jugement dernier, et que sa demeure sous terre soit éclairée par la lumière du Saint Illustre (Psl), la clé de voûte de l’humanité, le maître et prestigieux guide de Khadim Rassul, Abba Za’ra (Psl) – Amin –