Thiaroye n’est pas seulement le nom d’un lieu ni celui d’un massacre longtemps relégué aux marges de l’histoire officielle. Il est devenu le révélateur d’un malaise plus profond : celui d’une mémoire retenue, différée, parfois refusée.
La récurrence des commémorations, loin d’être un simple hommage tardif, exprime une inquiétude collective. Elle dit l’embarras d’une société face à un passé qu’elle ne parvient pas pleinement à se réapproprier. Car l’enjeu n’est pas seulement de se souvenir, mais de comprendre ce que cette mémoire engage dans la définition de soi.
Thiaroye met à nu une habitude tenace : celle de se penser à travers le regard de l’autre. Tant que l’histoire demeure racontée, validée ou hiérarchisée ailleurs, l’identité reste fragile, inachevée. Nommer Thiaroye, c’est alors moins convoquer le passé que poser une question brûlante au présent : comment se définir autrement que par ce que l’on a été autorisé à dire de nous-mêmes ?
À ce titre, Thiaroye n’est pas une page close. Il est une interpellation.Une interpellation à en finir a l’habitude a se définir a l’aune du regard de l’autre. A construire notre narratif ancré sur notre moi profond.
