De retour de France, Barthélémy Dias a adopté un ton encore plus virulent à l’encontre du gouvernement, réagissant notamment aux récentes déclarations du Premier ministre Ousmane Sonko. Ce dernier avait demandé qu’on le « laisse gouverner », une formulation que Dias juge inappropriée.
« Le Premier ministre ne devait pas dire cela. Il ne comprend pas le français : il voulait dire “présider”, or c’est le Président qui préside », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse tenue hier. S’adressant directement au chef de l’État, il a ajouté : « J’invite le Président Bassirou Diomaye Faye à rappeler à son Premier ministre qu’il doit se limiter à gouverner. C’est lui, le Président, que le peuple a choisi pour diriger le Sénégal. »
Dias qualifie par ailleurs le régime d’« incapable » et appelle à la formation d’une large coalition d’opposition pour y faire face. Il exige également la libération des personnes « injustement arrêtées », dénonçant une atteinte aux libertés fondamentales.
« Le Sénégal est un État de droit, pour ceux qui l’auraient oublié. Aujourd’hui, près d’une vingtaine de prisonniers politiques croupissent en détention. Nos pensées vont à Assane Diouf, Moustapha Diakhaté, Abdou Nguer, mon ami Badara Gadiaga et tant d’autres. Ce sont des otages politiques qui doivent être libérés. Et ceux qui les retiennent en paieront le prix », a-t-il averti.
Une coalition pour contrer le pouvoir
Dans la continuité de ses propos, Dias a annoncé la mise en place d’une vaste alliance regroupant acteurs politiques et société civile. Cette initiative fait suite aux propos controversés du Premier ministre, qui avait traité la société civile de « fumiers ».
« Cette société civile n’est pas composée de fumiers, mais de militants des droits de l’Homme et de lanceurs d’alerte. Il est temps de se mobiliser, de manifester et de résister face à ceux qui nourrissent des velléités dictatoriales. Qu’ils comprennent une fois pour toutes qu’ils ne pourront pas continuer à opprimer le peuple », a-t-il martelé.
La bataille sans relache pour la mairie de Dakar
Le président du mouvement « Sénégal Biñu Bokk » a également réaffirmé son opposition à sa révocation de la mairie de Dakar. Il a rappelé avoir saisi la Cour d’appel et la Cour suprême, invoquant l’article 135 du Code général des collectivités locales, qui stipule que la destitution d’un maire nécessite un décret présidentiel.
« Si la Cour d’appel ne se prononce pas, c’est un déni de justice. Une justice muette », a-t-il déploré, dénonçant une « confiscation du vote populaire ». « Il n’y a aucune condamnation justifiant cet acte. Ceux qui ont orchestré ce coup de force contre Dakar en paieront le prix », a-t-il promis.
Dénonciation des “entraves” à la liberté de réunion
Enfin, Dias a dénoncé les difficultés rencontrées pour organiser sa conférence, accusant les autorités de faire pression sur les hôteliers pour leur refuser des salles.
« On ne doit pas nous interdire l’accès aux salles sous prétexte que nous sommes dans l’opposition. Beaucoup de leaders politiques subissent le même traitement », a-t-il affirmé. S’adressant au président Faye, il a rappelé : « Nous avons nous-mêmes été victimes de ces pratiques. Il ne doit plus les tolérer. »
Barthélémy Dias maintient ainsi une pression constante sur le pouvoir, tout en préparant une mobilisation plus large de l’opposition et de la société civile.