Chaque saison des pluies apporte son lot de désolation dans plusieurs quartiers de Kaolack. Les inondations, devenues une triste routine, submergent les maisons, endommagent les biens et paralysent la vie des habitants. Face à cette crise récurrente, un collectif citoyen, « Actions Kaolack », monte au créneau pour dénoncer ce qu’il considère comme une exploitation politique de la détresse populaire et exiger des solutions structurelles.
Cheikh Diaw, porte-parole du collectif, ne mâche pas ses mots. Pour lui, le cycle est immuable et insupportable. « À chaque hivernage, le même scénario se répète à Kaolack avec une triste régularité. Les eaux envahissent nos maisons, détruisent nos biens, paralysent notre ville. Et à chaque fois, nous assistons au même ballet politique : des visites de courtoisie, des promesses solennelles, des distributions de vivres soigneusement médiatisées », déplore-t-il.
L’instrumentalisation d’une détresse
Le militant citoyen fustige une instrumentalisation de la misère des populations. « Cette instrumentalisation de notre détresse est devenue insupportable. La misère de nos populations ne saurait être un tremplin électoral ou un prétexte pour des campagnes publicitaires déguisées en actions sociales », assène Cheikh Diaw. Il dénonce un « balai incessant de communion politique » qui, selon lui, ne sert qu’à entretenir un « cycle malsain de dépendance et de clientélisme » sans s’attaquer aux racines du problème.
Pour le porte-parole de « Actions Kaolack », la persistance du phénomène n’a rien d’une fatalité. Elle est le fruit d’un déficit de vision. « La persistance des inondations à Kaolack n’est pas une fatalité. Elle résulte d’un manque criant de vision politique et de volonté d’engager les solutions structurelles qui s’imposent. Les actions ponctuelles – curatives plutôt que préventives – servent davantage les intérêts des politiques que ceux des populations », analyse-t-il.
Un plaidoyer pour des solutions durables
Face à ce constat sévère, le collectif propose un plan d’action articulé autour de trois axes fondamentaux.
En premier lieu, une approche intégrée de gestion des eaux pluviales. « Nous plaidons pour la mise en place d’un système de drainage moderne avec canaux bétonnés et bassins de rétention, associé à un désensablement et un entretien régulier des canaux existants », explique Cheikh Diaw. Le collectif réclame également un plan d’urbanisme « contraignant » pour interdire les constructions en zones inondables et un système d’alerte précoce.
Le deuxième axe concerne la création d’infrastructures durables et adaptées. « Il faut repenser les réseaux d’assainissement selon une cartographie précise des écoulements, s’assurer que les stations de pompage sont fonctionnelles et entretenues, et promouvoir l’utilisation de revêtements perméables », détaille le porte-parole.
Enfin, « Actions Kaolack » insiste sur la nécessité d’un programme d’accompagnement social pour les populations affectées. Celui-ci inclurait un fonds de garantie pour les sinistrés, un système d’assurance adapté, un relogement planifié des populations des zones à risque et des formations professionnelles pour les jeunes dans les métiers de l’environnement.
Au-delà des mandats politiques
Pour Cheikh Diaw, l’urgence est de mettre en place un « Programme Spécial de Protection contre les Inondations » doté de moyens financiers conséquents et piloté avec transparence. « Un programme qui dépasse les mandats politiques et s’inscrit dans la durée », souligne-t-il.
Le message du collectif est clair : la patience des habitants est à bout. « Nous en avons assez des larmes de crocodile et des promesses non tenues. Assez de voir notre souffrance servir d’arrière-plan à des campagnes publicitaires. Assez des solutions cosmétiques qui nous condamnent à revivre le même cauchemar chaque année », lance Cheikh Diaw, concluant son propos par une affirmation pleine de conviction : « La dignité des populations de Kaolack mérite mieux que de la compassion médiatique. Elle mérite une action résolue, durable et dépolitisée. »
La balle est désormais dans le camp des autorités. Saurent-elles, cette fois, écouter cet appel pressant pour transformer la gestion des inondations et offrir aux Kaolackois un avenir à l’abri des eaux ?