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Actualité au Sénégal

Milan ne changera rien si…

Samba DioufBy Samba Diouf26 septembre 2025Aucun commentaire7 Mins Read
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Milan ne changera rien si…
… l’on oublie pour qui l’on prétend changer, et si l’on n’entend pas les murmures du peuple.

Je suis tombée sur des images. Des foules compactes. Une chaise vidée de sa présence mais encore chargée de tension. Des mains qui s’arrachent un symbole, des regards qui cherchent un sens. Dans le tumulte des corps, j’ai vu une nation rassemblée. Des scènes qui relèvent à la fois du sacré et du carnavalesque, où l’émotion collective se confond avec une soif d’espérance. Dans le silence de certaines postures, j’ai entendu une autre musique. Et une question s’est logée sous ma langue : Que raconte-t-on à ceux qui sont restés ?

Le geste du Premier ministre à Milan était fort. Un appel direct à la diaspora, non pas pour la caresser, mais pour lui confier un bout de la charge : financer, par amour et par conviction, une partie du redressement du pays. Il fallait oser. Et l’audace, ici, mérite d’être saluée. C’est l’audace de dire à l’Europe : « Nos fils et nos filles, vous les voyez sur vos quais et dans vos usines, mais sachez qu’ils sont aussi notre levier de souveraineté. » C’est un message clair, le salut ne viendra pas des conditionnalités d’institutions lointaines, mais de la confiance entre un État et ses enfants dispersés. Une audace qui force le respect.

Dans un monde où le Sud tend souvent la main vers le Nord, le Sénégal tend la main vers ses propres enfants, dispersés mais toujours vibrants. Ce geste n’est pas une demande, c’est une proposition. Un pacte. Un pari. Et dans ce pari, la diaspora devient plus qu’un filet de secours, elle devient levier, co-auteur, actionnaire symbolique d’un avenir à bâtir. Pour ceux qui vivent ailleurs, cette reconnaissance a le goût d’un retour à la maison. On ne les résume plus à des mandats Western Union, à des « originaires de », à des silhouettes entre deux avions. On leur dit, vous êtes attendus autrement. Vous êtes utiles autrement. Vous êtes des piliers, pas des pourvoyeurs. Et ça, c’est grand.

Le lancement des diaspora bonds est, à bien des égards, une trouvaille audacieuse. Un pas de côté dans un monde qui tourne en rond autour des mêmes guichets.
Dans un contexte où l’endettement public vacille et où les partenaires traditionnels, prudents ou frileux, ferment les yeux sans tendre la main, l’État a choisi de se tourner vers les siens. Vers cette partie de lui-même qu’on a longtemps reléguée au second plan : sa diaspora. Ce choix n’est pas seulement tactique. Il est profondément politique.
C’est une tentative de souveraineté économique par lien affectif, une volonté assumée de mobiliser les ressources de ceux qui sont partis, pour réparer ce qui tient encore debout ici. Mais toute audace porte en elle le risque de se rompre.
Car ce projet, aussi brillant soit-il sur le papier, ne tiendra pas par le verbe. Il tiendra par la confiance. Et la confiance ne se décrète pas. Elle se mérite, elle se gagne, elle s’entretient. Si les promesses de transparence, d’exemplarité, de lutte contre l’impunité financière ne sont pas tenues, alors ce bel élan pourrait retomber en soupçon.
Et la blessure serait plus profonde que l’échec : ce serait la confiance qu’on aurait mise en jeu, et perdue.

Et pendant que cette confiance se construit là-bas, une attente se forme ici.
Une attente impatiente, fébrile, souvent silencieuse, mais bien réelle. Car pendant que la constellation se rallume à l’extérieur, qu’éclaire-t-elle à l’intérieur ? Car tout message a deux versants. Chaque message adressé à la diaspora, chaque appel au sursaut, chaque slogan brandi là-bas, peut produire ici un effet inattendu. Et certains jeunes peuvent entendre, au creux du cœur : « Pour compter, il faut partir. » La mer, déjà présente dans tant de récits familiaux, redevient passage. La pirogue, promesse. L’Europe, mirage avec numéro matricule.

Voilà où l’équilibre se joue. Dans ce souffle magnifique adressé à ceux qui sont partis, il faut veiller à ne pas glacer ceux qui sont restés. Rien ne serait plus cruel que d’accroître l’aimant de l’exil en voulant valoriser ceux de l’ailleurs. Le salut viendra de l’équilibre des messages et des actes. Dire à la diaspora « nous avons besoin de vous », oui. Mais dire, avec autant de clarté, à la jeunesse du pays « nous n’avons pas renoncé à vous », c’est impératif. Il ne suffit pas d’honorer ceux qui sont partis. Il faut prouver que ceux qui sont restés comptent tout autant. Non pas dans les discours. Dans les faits. Dans le bitume coulé, dans les centres ouverts, dans les mains formées, dans les rêves accompagnés.

Chaque franc mobilisé à Milan ou ailleurs doit se traduire ici, et vite. Une école rénovée à Vélingara. Un centre de formation lancé à Podor. Un micro-crédit productif à Guédiawaye. Un atelier relancé à Louga. Une goutte d’eau propre à Kolda.
Les milliards espérés de la diaspora doivent avoir une traçabilité sensible, pas seulement comptable. Ceux qui restent doivent, voir, sentir, toucher ce que l’argent récolté au loin leur rend ici, dans leur quotidien, dans leur présent.

Le patriotisme ne se mesure pas à la distance entre l’aéroport et la terre natale. Il se vit dans les preuves d’amour posées ici et là. Dans les actes, les idées, les engagements. Il se murmure dans les veilles tardives d’une mère qui envoie l’argent du mois à ses enfants restés au pays. Il se dessine dans l’entrepreneuriat patient d’un jeune qui croit encore que son rêve a une place ici. Mais un pacte ne tient que s’il est mutuel. Le patriotisme ne peut être unidirectionnel. Il ne peut consister à lever des fonds en haut pendant que le bas attend qu’on se souvienne de lui. Le patriotisme, s’il veut durer, doit être symétrique.

Et puis il y a l’océan. Ce grand témoin silencieux de nos hésitations. Chaque fois que nous tardons, il reprend du terrain. Chaque promesse sans suite lui donne du vent dans les voiles. Chaque jeune qui ne voit rien venir regarde l’horizon comme on regarde une sortie de secours. Le Sénégal ne peut pas se raconter comme un pays à quitter pour exister. Il doit devenir un lieu à rester, à transformer, à célébrer.
Et cela ne viendra ni des slogans, ni des selfies, ni des files d’attente autour d’un fauteuil. Cela viendra de la constance. Du travail. De la preuve. Et de la responsabilité. Partagée.
À l’État : prouver, documenter, livrer. Car un pacte sans preuves devient un piège.
À la diaspora : soutenir, oui, mais aussi questionner, exiger, veiller. L’amour est un engagement, pas une abdication.
Aux médias : raconter l’effort, pas seulement l’émotion. Informer sur les visas, les retours réussis, les projets enracinés. Cesser de glamouriser l’irrégulière.
Aux jeunes : ne pas tout attendre. S’organiser. Inventer. Revendiquer. Résister à la tentation du silence ou du naufrage.

Car si le Sénégal veut cesser d’être un rêve d’ailleurs, Il devra devenir une promesse d’ici. On ne construit pas un pays sur des mirages. Pas même sur de beaux discours. On le construit sur du concret, sur du juste, sur du partagé. Si les résultats arrivent, concrets, équitables, distribués, alors le récit se transforme.

Rester devient un choix, pas une résignation.
Partir devient un passage, pas une fuite.
Revenir devient une option, pas une exception.

Alors seulement, le pari de Milan deviendra plus qu’un symbole, un début de réparation. Et peut-être, un vrai tournant.

Et si l’histoire hésite encore à écrire ce tournant, alors que ce soit nous, ensemble, qui lui tendions la plume.

Astou Thiam
astouthiamya@gmail.com

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Samba Diouf
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