À un âge où la plupart aspirent à une retraite paisible, Paul Biya (91 ans) et Alassane Ouattara (83 ans) s’accrochent aux fauteuils présidentiels comme si leur destin — et celui de leurs nations — en dépendait. Depuis des décennies, ils verrouillent l’alternance, transforment les élections en rituels creux, et confisquent l’avenir politique de leurs pays.
Biya règne sur le Cameroun depuis 1982, Ouattara sur la Côte d’Ivoire depuis 2011. Combien de générations faudra-t-il encore sacrifier sur l’autel de leur obsession du pouvoir ? Ces nouvelles candidatures, énièmes épisodes d’un feuilleton qui lasse autant qu’il inquiète, relèvent moins du patriotisme que d’un réflexe monarchique. L’usure physique est visible, la fatigue politique criante, mais le désir de régner l’emporte sur le bon sens.
Pendant que la jeunesse étouffe dans le chômage et que les crises sociales s’aggravent, ces vétérans de la politique s’offrent une nouvelle course à l’éternité. L’Afrique n’a pas vocation à être le cimetière des ambitions démocratiques. Elle n’a pas besoin de présidents à vie, incapables de passer le témoin, qui s’agrippent au pouvoir jusqu’à ce que la nature les y arrache.
Biya et Ouattara ne sont pas indispensables à leurs pays. Ils sont devenus les symboles tragiques de ce que le pouvoir produit lorsqu’il ne connaît plus de limite : l’aveuglement, l’isolement, et au final, le discrédit. Et quand un dirigeant ne sait plus partir, c’est souvent le peuple qui finit par le congédier.
Abda WONE