En prélude au Grand Magal de Touba, Cheikh Bass Abdou Khadre Mbacké, président du comité d’organisation et porte-parole du Khalife général des Mourides, Serigne Mountakha Mbacké, a prononcé une déclaration solennelle mêlant spiritualité, rappel historique et directives fermes pour le bon déroulement de l’événement.
Hommage au sacrifice de Cheikh Ahmadou Bamba
Le porte-parole a débuté son discours en rendant hommage aux épreuves endurées par Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur de la confrérie mouride, exilé par l’administration coloniale en raison de son influence spirituelle et intellectuelle. Il a souligné que le Magal commémore ce jour de déportation, désormais symbole de reconnaissance divine.
« Le colonisateur savait que sa présence parmi les siens serait une force motrice, capable de former des érudits redoutables. Ainsi, le Magal représente, à mes yeux, la véritable fête de l’indépendance spirituelle du Sénégal », a-t-il affirmé.
Les origines du Magal et la tradition du 18 Safar
Cheikh Bass a également retracé la genèse de la célébration du 18 Safar à Touba, une tradition instaurée par Serigne Fallou Mbacké. Il a rendu hommage aux grandes figures religieuses qui ont marqué cette commémoration, notamment Serigne Issa Diène et Serigne Aliou Touré, connus pour leur engagement dans les préparatifs annuels.
Ordre, sécurité et respect du caractère sacré de Touba
Dans un ndigël formel, le porte-parole a réitéré plusieurs mesures strictes pour préserver la sainteté de la cité religieuse :
-Interdiction des constructions non autorisées le long des grandes artères de Touba.
-Désencombrement obligatoire des rues et respect des normes urbaines.
-Confirmation du rôle des Baay-Fall dans les tâches logistiques et sécuritaires pré-Magal.
Un avertissement sans équivoque a été lancé : « Tout contrevenant s’expose à la destruction de ses installations illégales sans compensation ».
Interdiction des charretiers mineurs
Une attention particulière a été portée sur la circulation des charrettes dans la ville sainte. Le porte-parole a exigé du maire de Touba, Abdou Lahat Kâ, une application stricte de l’interdiction des charretiers âgés de moins de 18 ans, avec une mobilisation renforcée des forces de l’ordre.
« La place d’un enfant n’est pas sur une charrette, mais dans les écoles et daaras pour y recevoir un enseignement digne », a-t-il martelé.
Mise en garde contre les dérives doctrinales
Enfin, Serigne Mountakha Mbacké, par la voix de son porte-parole, a fermement condamné les propos blasphématoires attribuant une divinité à Cheikh Ahmadou Bamba. « Prononcer des phrases comme “Serigne Touba est Dieu” est inacceptable et contraire à l’enseignement de l’Islam », a-t-il rappelé.
La presse a également été interpellée pour jouer un rôle de régulation en évitant de relayer les déclarations de personnes non habilitées à s’exprimer au nom de la confrérie.
Alors que les pèlerins affluent vers Touba pour ce moment de recueillement, ces directives entendent garantir un Magal paisible, respectueux des valeurs mourides et de la sacralité de la ville.